Le jour même où le Général De Gaulle lançait son appel depuis Londres, les dernières défenses du plateau de Maîche s’effondraient. 1540 jours plus tard, le 3ème R.T.A. entrait dans la ville en libérateur.
Il faut d’abord rendre hommage à Michel Simonin, infatigable historien de cette deuxième guerre mondiale, qui a fourni par ses ouvrages précis et détaillés la matière des lignes suivantes.
Les panzers allemands lancent la conquête du Haut-Doubs depuis Besançon. À Frambouhans, la résistance organisée par le Capitaine Henri Treilhes, commandant le 57ème régiment d’artillerie, ne suffit pas. Refusant de se rendre, il est froidement exécuté d’une balle dans la tête, ainsi que l’adjudant-chef Jean-Louis Lapeyre.
À Maîche, l’héroïque défense menée par le chef d’escadron Louis Jacops d’Aigremont à la tête de ses chasseurs polonais et spahis algériens est anéantie à l’issue d’une nuit complète de bombardements. Un carré militaire au cimetière de Damprichard témoigne du sacrifice des Polonais tombés pendant cette bataille.
C’est le 19 juin que les Allemands entrent en ville au désespoir du maire Gaston Mariotte, contraint d’aller à leur rencontre. Jusqu’à 2 000 prisonniers seront temporairement enfermés dans l’église et Maîche déclarée “ville ouverte”. Situés en zone “réservée”, pour être à terme annexée au Reich, la ville et ses environs connaîtront la réquisition des maisons bourgeoises et des meilleurs chevaux comtois et vaches laitières. Strict couvre-feu, rationnement, instauration du S.T.O. (Service du Travail obligatoire) et arrestations arbitraires viendront ébranler la vie quotidienne.
C’est le 16 août 1944 que l’espoir revient. Le 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens débarque en Provence, libère Marseille le lendemain et se dirige au nord à grande vitesse. Le 4 septembre, la rude bataille de Mouthe permet la libération de Pontarlier, Morteau et Le Russey. Le colonel Goutard est à bord de la première Jeep entrant dans la ville. Les habitants attendaient les Américains, mais c’est un groupe bigarré d’Africains, de Français et de bien d’autres nationalités qui l’accompagne. Les forces ont progressé tellement vite qu’elles seront contraintes à une pause. La commune organise une magnifique réception qui s’achève tard dans la nuit.
Le 6 septembre, le colonel Linares fixe l’objectif futur : “S’assurer d’abord le pont de Saint-Hippolyte et progresser sur l’axe Pierrefontaine, Hérimoncourt et Delle.” L’inexorable bataille se poursuit dans les Vosges et en Alsace. C’est dans la nuit du 30 au 31 mars 1945 que le but du 3ème R.T.A. se réalise. Un enfant de Damprichard, le sergent Jean Panizza sera un de ces soldats qui passeront le Rhin sur des embarcations pneumatiques.