Avec le franchissement de Pontarlier, le passage de la frontière à Vallorbe représente sans doute le plus gros point noir du trafic routier sur l’ensemble du Haut-Doubs. Pour les élus locaux et le maire de Jougne en particulier, la situation pourrait être grandement fluidifiée en aménageant deux sens de circulation au poste de douane de la Ferrière. Sans forcément dépenser des millions.
L’historique de cette plateforme douanière, Michel Morel pourrait en parler des heures tant ce dossier est riche d’anecdotes croustillantes, et révélateur des différences entre la France et la Suisse quand il s’agit de mettre à niveau les infrastructures. “La plateforme telle qu’on la voit aujourd’hui a été aménagée en 1985. Elle a été entièrement financée par les Suisses qui avaient dépensé 7 millions de francs suisses dans cette opération. Ils avaient utilisé 40 000 m³ de remblai issu de l’aménagement de la route de Ballaigues pour réaliser cette plateforme dont les deux tiers sont, n’oublions pas, sur le territoire français. Cette plateforme aurait grand besoin d’être réhabilitée. Un projet est à l’étude pour une somme de 5 millions d’euros. Les Suisses seraient prêts à financer à hauteur de 50 % mais côté français, rien n’est prévu. On a rencontré le directeur régional des douanes qui nous a expliqué qu’il disposait seulement d’un budget d’1 million d’euros pour refaire le bâtiment de la douane française.”
Le maire de Jougne et Michel Rivière, ancien élu, président de l’Amicale des frontaliers, ont lancé en janvier dernier une pétition en ligne. Intitulée “Pour l’aménagement du poste de douane de Jougne-Vallorbe”, ladite pétition a recueilli 600 signatures fin mai. “Certains jours, les travailleurs frontaliers passent 1 heure à 1 h 30 au passage de douane. Le bouchon remonte parfois jusqu’à Lignerolles. Le même scénario se reproduit ensuite entre la Cluse et Pontarlier”, explique Michel Rivière qui se souvient avoir été pris dans un ralentissement de circulation pratiquement à hauteur des radars fixes situés à l’entrée de la combe. Soit à une bonne dizaine de kilomètres de l’entrée de Pontarlier. “On en subit les conséquences à Jougne en voyant les frontaliers énervés qui préfèrent descendre par la vallée et le stade pour rejoindre la R.N. 57 un peu avant la douane. Cela génère un trafic inadapté et très dangereux sur ces petites routes. Je réprouve forcément ces comportements tout en comprenant cet agacement”, poursuit Michel Morel.
Pour les élus des communes riveraines du passage de frontière, le goulot d’étranglement est avant tout concentré au passage de la douane française. “Côté suisse, il y a deux files de circulation en entrée et en sortie. L’une est réservée aux frontaliers, l’autre pour le trafic normal. En arrivant au poste de la Ferrière, on se retrouve avec un seul sens de circulation, montant et descendant. C’est là où le bât blesse”, dénonce Michel Morel. Pour lui et son ancien conseiller, la situation pourrait grandement gagner en fluidité, au moins dans le sens descendant, en démolissant les constructions adossées à la montagne pour réaliser une deuxième file de circulation. “C’est plus compliqué dans l’autre sens, en rentrant en France, car l’espace nécessaire à une deuxième voie est bloqué par l’emprise du bâtiment de la douane. Même si, on pourrait très bien imaginer de le démolir pour refaire des locaux plus modernes en les décalant pour ne plus obstruer le passage. Ce n’est pas un investissement perdu car on sait pertinemment qu’il y aura toujours une douane à cet endroit. Je vois mal la Suisse rentrer dans l’Union Européenne.”
Les deux Michel ont déjà alerté, vainement, toutes les autorités compétentes. Ils ont prévu de solliciter le sénateur Longeot qui préside la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. Ils n’écartent pas non plus l’idée de bloquer la douane fin juin ou début juillet.