Aromacomtois, situé au coeur d’Amancey, distille les aiguilles de résineux des Montagnes du Jura pour produire des huiles essentielles. Grégory Haye, l’un des fondateurs, est guidé par la volonté de mettre en avant le territoire à travers ses produits. Savoureux et de bon goût.

Au cœur d’Aromacomtois se nichent le sapin et l’épicéa. De leurs aiguilles se déploient les branches de l’entreprise située à Amancey. Ici, les résineux sont utilisés dans toutes leurs essences grâce aux mains expertes de Grégory Haye. L’ancien ingénieur a fondé Aromacomtois en 2017, associé à Olivier Tissot, pharmacien, et Pierre Gavignon, chef d’entreprise spécialisé dans la fabrication d’autoclaves.

L’alambic a été conçu par Grégory Haye. Il permet de distiller jusqu’à 500 kg d’aiguilles à chaque fois

Dans l’ancien local de la Poste, les aiguilles des résineux des montagnes du Jura se transforment en huiles essentielles ou hydrolats. Dans un rayon de 20 kilomètres, Grégory Haye et Aurélien Dalloz collectent les branches de sapins ou d’épicéas dans les forêts gérées par l’O.N.F. ou des exploitants privés. Si auparavant, la récolte se faisait après le travail des bûcherons, dernièrement, les deux hommes récoltent uniquement sur les arbres déracinés à cause des intempéries. Ils ramassent à la main les branches et les transportent à dos d’homme jusqu’à leur véhicule garé en bordure de forêt.

“C’est un souhait de ne pas être motorisé. C’est une activité respectueuse de la nature, c’est une autre manière de valoriser la forêt”, reprend le fondateur d’Aromacomtois. Ce dernier, formé en tant qu’ingénieur en optique électronique, ayant exercé dans l’encadrement dans l’industrie, a changé de voie professionnelle. “Je voulais travailler pour un autre monde que celui inféodé à la finance.” Sportif, ultra-trailer, il souhaitait aussi travailler dehors.

Après un an de formation au lycée agricole de Montmorot et l’obtention d’un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole en plantes aromatiques et médicinales, Grégory se lance dans l’aventure des huiles essentielles autour des résineux, inspiré par un stage effectué dans les Vosges.

Grégory Haye a créé la marque Aromacomtois autour des résineux locaux qu'il décline même jusqu’aux coffrets de produits faits dans des boîtes aux sangles d’épicéa.

Trente tonnes sont récoltées chaque année, pour environ 70 à 80 litres d’huile par an. Les aiguilles sont ensuite broyées puis distillées par extraction à entraînement à vapeur d’eau. Du processus sortent de l’huile essentielle et de l’hydrolat, lui aussi valorisé.

“L’huile essentielle de résineux a deux propriétés : elle permet de décongestionner les voies respiratoires et toute la sphère O.R.L. Elle peut aussi être utilisée comme antalgique pour calmer des douleurs articulatoires et des tendinites. Elle peut être tonifiante pour le bas du dos et permet aussi un rééquilibrage nerveux”, explique Grégory Haye.

Si les huiles de massage, notamment celles de préparation et de récupération de l’effort, rencontrent un beau succès, en partie grâce à la sportive Manon Bohard, sponsorisée par Aromacomtois, l’huile essentielle de résineux est de plus en plus utilisée comme arôme alimentaire, que l’on peut retrouver sur quelques tables étoilées. Dans cette même veine, Grégory Haye propose dans sa boutique des bières aromatisées au sapin ou à l’épicéa, brassées par les Deux Fûts. Sirops de sapins et confiseries complètent la gamme alimentaire, qui sera bientôt enrichie d’un apéritif.

“On travaille sur une recette pour un apéritif, on veut quelque chose d’original”, précise le fondateur d’Aromacomtois.

Des savons solides sont également vendus, fabriqués par la savonnerie La Guillounette de Mouthier-Hautepierre. Les bonbons sont fabriqués à Gérardmer, tandis que les gommes sont produites entre Montbéliard et Mulhouse. “Tous les produits que l’on ne fait pas nous-mêmes sont fabriqués à façon pour nous”, explique Grégory Haye.

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Les boîtes de confiseries racontent elles aussi toutes les valeurs d’Aromacomtois. Ornées de dessins de Denis Bauquier, réalisés sur mesure incluant les symboles de la Franche-Comté, les boîtes sont fabriquées par une société familiale en Eure-et-Loir, historiquement dédiée à la fabrication de boîtes de cirage et qui s’est diversifiée.

“C’était compliqué de trouver des boîtes de bonbons qui ne sont pas fabriquées en Chine”, avoue Grégory Haye qui n’a pas pour autant lâché l’affaire. Ici, tout provient du local, du régional et d’un peu plus loin ; en tout cas, tout est issu de France. Les meubles du magasin sont faits de palettes recyclées, montés par une association. Les coffrets de produits sont des boîtes de mont d’or en épicéa du Jura fabriquées par un sanglier de Vaux-et-Chantegrue.

Jusqu’à il y a peu, Aromacomtois était la seule entreprise en France à produire des huiles essentielles de résineux locaux. La deuxième société de ce type est installée à Albertville. Grégory Haye a livré ses recettes qu'il a créées ainsi que la fabrication de son alambic auto-conçu. “On n’a rien à cacher, au contraire, on est dans le partage”, souligne celui-ci.

Dans cette optique, des visites gratuites de l’entreprise à Amancey sont organisées régulièrement.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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