Et même 15 % dans le second degré. Les enquêtes internes de certains établissements donnent des chiffres encore supérieurs. Comment l’Éducation nationale gère la question localement ?
Le rectorat de Besançon s’est doté d’un arsenal pour tenter de juguler ce phénomène qui toucherait donc au moins 2 000 enfants sur les 20 000 élèves que comptent les établissements de l’académie. Deux référents académiques sont aujourd’hui dédiés à cette question, qui supervisent le travail de quatre référents dans chacun des quatre départements francs-comtois qui accompagnent le premier et le second degré. “Les cas de harcèlement sont très divers. Ils peuvent se régler, et c’est le cas la plupart du temps, au sein même de l’établissement. Si la situation est plus complexe, un référent départemental se saisira de la question, et si c’est encore plus grave ou compliqué, c’est le référent académique qui interviendra” résume Sandrine Bermond qui est un des deux référents académiques au sein du rectorat de Besançon.
Si le harcèlement scolaire existe de tout temps, longtemps on n’a pas eu de mot pour le décrire. Pareillement, le harcèlement n’est pas propre à l’école. C’est un phénomène de groupe qui existe dans d’autres cercles : le milieu familial, un groupe d’amis, dans le champ professionnel. En milieu scolaire, ce n’est que depuis 2012 avec les premières directives que cette question est prise à bras-le-corps. On en parle également davantage depuis que le champ du cyber-harcèlement est venu aggraver le phénomène. “Avec l’arrivée des réseaux sociaux, il n’y a pas plus de harcèlement, mais le cyber-harcèlement est juste une prolongation douloureuse de ce qui a pris source dans une situation de face-à-face. La médiatisation du harcèlement fait aussi qu’on a l’impression que le phénomène est en augmentation, ce n’est pas forcément le cas” tempère Sandrine Bermond.
Il a fallu attendre 2015 pour que les protocoles au sein de l’Éducation nationale soient écrits noir sur blanc et “aujourd’hui, chaque école, chaque collège, chaque lycée a une équipe de 6 personnes formées sur cette question. Le protocole a été encore renforcé via le programme P.H.A.R.E. qui prévoit 100 % de prévention, 100 % de détection et 100 % de prise en charge”, ce qui n’empêche pas qu’il reste encore des trous dans la raquette. “L’idée est de détecter les situations le plus tôt possible et ne pas attendre qu’il y ait répétition. La seule chose efficace, c’est la parole précoce.” Une détection jamais évidente, avec des situations parfois invisibles des adultes. “D’où l’intérêt à apprendre par la formation à détecter les moindres signaux faibles” note la référente académique qui relève, paradoxalement, que les statistiques du rectorat montreraient une tendance à la baisse du nombre de cas de harcèlement.
Après le récent drame du jeune Nicolas à Poissy, le ministre de l’Éducation a remis la pression sur les rectorats en commandant un audit dans chacun d’eux. “L’audit a déjà été réalisé au sein du rectorat de Besançon confie Guillaume Rivoire, le responsable de communication. L’ensemble des cas qui ont été remontés au rectorat cette année a été examiné.” Aucun dysfonctionnement n’aurait été signalé par cette inspection générale.