La multiplication des chablis transforme les façons de travailler des exploitants forestiers qui multiplient les coupes sanitaires au détriment d’un prélèvement plus qualitatif.

“On perd du plaisir au travail”, regrette Germain Tissot lui aussi bûcheron débardeur et administrateur au sein de l’association Pro-E.T.F.

Situation sanitaire variable

La situation sanitaire varie d’un massif forestier à l’autre. Les peuplements d’épicéas sont encore plutôt bien préservés des attaques de scolytes du côté de la Laizinette-Dessus, un chalet planté 1 220 m d’altitude au cœur du Risoux, au-dessus de Mouthe. Du bonheur pour Adrien Salvi et Germain Tissot, les deux bûcherons-débardeurs qui interviennent dans les bois autour du chalet. “Entre les bois verts et les chablis à sortie d'urgence, on est saturé de travail. Ce printemps, on n’a fait pratiquement que des chablis”, explique Adrien Salvi qui intervient aussi bien pour des privés que pour des communes.

“Ce printemps, on n’a fait pratiquement que des chablis”, explique Adrien Salvi, bûcheron débardeur.

Multiplication des chablis

Il a d’ailleurs contractualisé avec Rochejean, les Longevilles-Mont d’Or, Fourcatier-et-Maison-Neuve sur des durées d’engagement variant d’un à trois ans. “On sort pratiquement quatre fois plus de chablis qu’avant”, déplore le bûcheron-débardeur de Rochejean qui pointe aussi la difficulté à recruter des bûcherons. La profession traverse une crise de vocation et l’attractivité de la Suisse n’arrange rien.

Le métier a changé

Occupé à sortir des bois à bord de son impressionnant débardeur, Germain Tissot dresse à peu près le même constat : “Depuis trois ans, on ne fait pas le même métier. Avec les agriculteurs, on est sans doute la profession qui pâtit le plus du réchauffement climatique.” Et celui qui est aussi administrateur de l’association Pro-E.T.F. d’annoncer : “Avant, on faisait des chablis deux mois dans l’année et du bois vert le reste du temps. Maintenant c’est l’inverse.”

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Perte de plaisir

Et ce n’est plus du tout le même plaisir de procéder à des coupes rases d’arbres scolytés que de couper des arbres choisis dans l’idée d’une sylviculture plus qualitative. Ces coupes rases procèdent d’un triple objectif sanitaire, économique et sécuritaire.”

Germain Tissot est lui aussi confronté à un problème de main-d’œuvre, ce qui complique forcément la gestion des chantiers.

“Il manque aussi des entreprises mécanisées dans le Haut-Doubs. Les communes doivent parfois attendre une année avant de voir une abatteuse intervenir dans leurs forêts.” Les bûcherons ont le moral en berne. “On sait qu’on ne remettra plus les pieds dans une coupe rase. C’est tout le contraire quand on fait des éclaircies” estime le professionnel.

Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Pontissalienne
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