Loger dans une résidence universitaire coûtera un peu plus cher à partir de septembre. Le Conseil d’administration du C.R.O.U.S. Bourgogne-Franche-Comté a validé une augmentation des loyers de 3,5 %. Ce qui a le don d’agacer les organisations étudiantes.
La mesure est perçue comme un nouvel affront, après l’affaire des étudiants franciliens conviés à libérer plus tôt leur logement au profit des Jeux Olympiques. Elle est d’autant plus mal comprise qu’elle intervient dans un contexte d’augmentation continue du coût de la vie étudiante (+ 6,47 % cette année). “Les dépenses d’un étudiant s’élèvent aujourd’hui à 1 000 euros par mois. À comparaison, l’aide maximale octroyée est de 633,40 euros et ils ne sont que 2 % parmi les étudiants boursiers à la toucher”, s’indigne Zoé Degoix, présidente de l’U.N.E.F. Bourgogne (Union nationale des étudiants de France). “Cette hausse des loyers ne va que nous précariser davantage.”
Bien sûr, ce n’est pas une complète surprise. La décision votée par le C.R.O.U.S. Bourgogne-Franche-Comté fait suite à l’annonce nationale de la nouvelle présidente du C.N.O.U.S., de mettre fin au gel des loyers, en cours depuis 2020 dans les résidences universitaires. Ce, afin de “pouvoir accélérer les réhabilitations et l’ouverture de nouveaux logements.”
Une hérésie pour les organisations étudiantes, qui estiment que ce n’est pas aux étudiants de mettre la main à la poche pour ces nécessaires rénovations. “Sachant qu’il y a, en plus, une grande inégalité entre les logements francs-comtois et bourguignons”, estime Zoé Degoix. “Beaucoup de moyens ont été mis côté bisontin. Un peu moins à Dijon, où une des résidences pose notamment question (présence de cafards, sanitaires et douches toujours en commun…).” Il y a tout aussi urgence à étoffer l’offre, selon Énora Vagnaux de l’U.N.E.F. Franche-Comté. “On ne compte que 3 000 logements universitaires côté franc-comtois, il en faudrait 6 000 de plus pour répondre aux besoins.”
Les C.R.O.U.S. étaient ainsi invités à proposer en conseil d’administration une augmentation de 3,5 % des loyers (charges comprises) à compter de la rentrée 2024. Un niveau calé sur l'indice de référence des loyers. “Notre région a été la première à se prononcer, début mars (N.D.L.R. : 18 voix se sont exprimées en faveur de la hausse et 10 voix contre). On attend de voir ce qui se passera ailleurs, mais on ne s’interdit pas une action”, prévient déjà Zoé Degoix.
De son côté, le réseau des C.R.O.U.S. assure que l’impact pour les étudiants restera limité. Mais ces derniers ont déjà fait leur calcul : “Il faudra payer entre 6 à 20 euros de plus par mois selon les logements (hors A.P.L.).” Ce qui est trop à leurs yeux. “Cela devient presque plus avantageux d’être logé dans le parc privé, par rapport au niveau de services.” Le risque serait donc qu’il y ait moins de candidats à terme dans ces hébergements universitaires.
Une affirmation que conteste Jean-Marc Quemeneur, directeur adjoint du C.R.O.U.S. Bourgogne-Franche-Comté. “Les loyers restent des loyers inscrits dans une politique sociale d’hébergement destinée à aider les étudiants, et donc en deçà du marché privé.” Il évoque par ailleurs la politique pluriannuelle d’investissement, qui participe à la maintenance et la réhabilitation du parc, mais aussi à son évolution. “On travaille sur les logements étudiants de demain. Car le standing des années soixante-dix (avec des surfaces limitées parfois à 9 m²), n’est plus celui d’aujourd’hui.”
L’inflation guide la recherche de l’équilibre financier pour les C.R.O.U.S. Le réseau rappelle, au passage, sur son site (www.lescrous.fr) que “les gels successifs (…) ont permis d’empêcher une hausse des loyers de plus de 6 % applicable aux étudiants logés.” Ce qui a représenté un coût cumulé pour le réseau “de plus de 40 millions d’euros (compensé par l’État)” et “qu’une nouvelle mesure de gel aurait représenté, pour 2025, une nouvelle perte de recettes de 15 millions d’euros supplémentaires.”