"Un retour partiel des activités, en coexistence avec le Covid"
L'établissement rouvre des lits en médecine tout en maintenant un effort en réanimation pour les patients Covid +. Le travail du personnel soignant est une nouvelle fois salué, au même titre que les recherches réalisées par les équipes médicales.
Après 10 semaines de réorganisation complète pour combattre le Coronavirus, le CHU Minjoz va revenir, lentement, à son organisation qui était la sienne avant l'épidémie. "Le Covid n'est pas derrière nous mais on a réfléchi au retour partiel des activités en chirurgie et médecine. C'est attendu par les malades" témoigne le Professeur Samuel Limat, président de la Commission médicale d'établissement. Plusieurs unités de médecine seront regroupées comme par exemple la rhumatologie avec la dermatologie et les maladies infectieuses non Covid. Quand pourront reprendre les consultations en hôpital de jour ? Pour le moment, ce n'est pas encore défini, "chaque discipline annonçant à quel moment elle reprendra ses activités" explique le Professeur.
Les pouvoirs publics demandent à l'hôpital de pouvoir réarmer les services liés aux patients Covid, ce qui peut rendre l'équation compliquée. "Nous en sommes conscients, admet le Professeur. Mais le CHU a toujours pris en charge les urgences et continuera à le faire."
Comme le synthétise Chantal Carroger, la directrice générale du CHU, "c'est une deuxième étape qui arrive ! La reprise d'activité nous permettra de faire coexister le Covid et la prise ne charge des patients qui doivent se faire soigner. Nous devons être en mesure de les prendre en charge dans la plus grande sécurité" dit-elle.
Jusqu'à 92 lits de réanimation
Le CHU loue la capacité d'organisation des équipes qui ont su s'adapter vite. Depuis le 17 mars, le Centre 15 a reçu 10 000 appels Covid ! "Nous avons sollicité le laboratoire de virologie qui a fait un travail énorme avec 800 tests par jour, c'est exceptionnel" calcule la directrice.
De 40 avant la crise, le nombre de lits en réanimation a été porté jusqu'à 92, plus 8 lits de la clinique Saint-Vincent. 20 lits étaient dédiés en pneumologie. "Les mercis entendus le soir à 20h sont mérités ! Le CHU a été à la hauteur" poursuit Chantal Carroger.
**Les chiffres Covid
**10 791 patients testés au CHU. 1 016 ont été suivis à l'hôpital, 518 personnes ont été hospitalisées, 502 personnes ont été guéries, 262 soignants ont été infectés par le virus, 198 ont repris depuis le travail, d'autres sont en cours. Aucun décès de soignants n'est à déplorer.
Sur le front avec ses équipes, le Professeur Catherine Chirouze, chef des maladies infectieuses et tropicales, estime "qu'il faudra apprendre à vivre avec ce virus pour une période indéterminée. Il faudra respecter les mesures barrières" insiste-t-elle. Comme ses collègues, elle avoue avoir été surprise par la dégradation rapide survenus chez certains patiens Covid, "ce qui a nécessité des protocoles de surveillance. Il y aura également un suivi de patients à réaliser notamment sur les lésions pulmonaires. Je tire quand même des points positifs : on a développé des expériences et je garderai cette image de 40 personnes, des jeunes internes, des médecins plus âgés, qui écoutaient chaque matin dans le hall les différentes consignes, lesquelles évoluaient quotidiennement."
Tension sur les produits de réanimation ?
Le CHU est-il en manque de produits type curare, médicament nécessaire à la réanimation ? "Il y a des tensions sur ces médicaments car leur utilisation a été multipliée par 20 sur le plan mondial. Ces médicaments sont aujourd'hui contrôlés par l'État. À Besançon, nous n'avons pas été et nous ne sommes pas en tension" répond le Professeur Limat.