La société Flowbird, autrefois Schlumberger, puis Parkéon, est rachetée par le groupe suédois EasyPark, leader des solutions de stationnement. Une grosse plus-value pour les actionnaires, et des craintes chez les syndicats.
Le leader mondial de la mobilité urbaine Flowbird, qui équipe les plus grandes villes du monde de ses horodateurs Made in Besançon, est un des fleurons de l’industrie bisontine depuis plusieurs décennies. Le groupe a été vendu au géant suédois EasyPark, leader mondial du paiement et de la localisation des places de parking. Si le montant de la transaction reste secret, elle dépasserait le milliard d’euros. La direction du groupe Flowbird reste discrète sur l’opération, mais elle la confirme. “Nous sommes ravis du projet d’acquisition de Flowbird par EasyPark et des avantages qu’une société commune pourrait apporter à l’industrie locale”, se contente de répondre la direction de Flowbird, dont le site est implanté sur la zone Lafayette à Besançon. L’opération, à gros enjeux, a été validée “sans conditions” par l’Autorité de la concurrence dans une décision remontant au 20 novembre dernier.
Pour le site bisontin, c’est un énième changement de propriétaire. “Depuis 2003, notre entreprise vit au rythme des rachats-reventes”, confirme Marc Szabo, délégué syndical C.F.D.T. chez Flowbird Besançon. EasyPark est en effet le sixième acquéreur de l’entreprise dont la valeur est passée de 80 millions d’euros en 2003 à 790 millions d’euros en 2021 via le rachat par Searchlight Capital, avec une plus-value de 500 millions d’euros pour les actionnaires. “Ce nouveau changement d’actionnaire crée donc une nouvelle incertitude”, ajoute le représentant syndical.
Derrière ces rachats à répétition, il y a des fonds d’investisseurs dont l’objectif est la rentabilité la plus rapide possible. En général, les équipes dirigeantes en place cherchent à obtenir un résultat opérationnel d’au moins 15 %, créant ainsi un effet de levier rapide. Ces opérations s’effectuent sous la forme de ce qu’on appelle en anglais un L.B.O. (leveraged buyout), ou “achat à effet de levier”. Il s’agit d’un rachat d’entreprise par endettement, une technique financière qui consiste à acheter une entreprise en l’endettant. Tout l’enjeu est ensuite que l’entreprise dégage suffisamment de trésorerie pour rembourser la dette. “La perversité de ce système, c’est que la dette contractée, c’est l’entreprise qui la rembourse. Ce qui fait qu’elle est sous pression financière constante et se prive de ses capacités d’investissement”, analyse un proche du dossier.

Flowbird Besançon, dont l’activité est florissante, emploie actuellement 670 salariés, dont 470 C.D.I. et de nombreux intérimaires. Les syndicats se questionnent sur la pertinence de ces opérations de rachat à répétition : “La future valeur ajoutée de l’entreprise passera-t-elle par un regroupement des sites ? Quel est l’avenir du site bisontin à ce rythme ?” s’interroge Marc Szabo. L’autre syndicat représenté chez Flowbird, la C.F.T.C., envisageait en ce début d’année un mouvement de mobilisation du personnel. “Si l’entreprise prend une telle valeur, c’est avant tout grâce au travail et au savoir-faire de ses salariés”, plaident les syndicats.