Ils attendent avec impatience la reprise de l'investissement public

À Besançon, le groupe Moyse est en ordre de marche. Comme ses confrères du bâtiment ou des TP, il attend des mesures concrètes pour absorber le choc une fois les chantiers en cours éclusés. L'État veut les rassurer.

Chemin des Planches à Besançon, à la lisière de la forêt de Chailluz, le siège social du groupe Moyse semble encore un peu endormi et pourtant, à l'intérieur, ça fourmille déjà dans les bureaux. Sur les chantiers de rénovation ou de construction, même constat : on n'a pas attendu le 11 mai pour relancer l'activité. "Notre activité façades a repris à 90%, la partie vérandas à 50%, alu à 30% et outdoor (portails, stores, portes de garage) à 50%. L'objectif est que tout soit reparti à 100% avant la fin mai. Quant à notre partie construction neuve, on est déjà au-delà de 60% de redémarrage depuis la mi-avril et on monte en puissance toutes les semaines. Le risque auquel on va être confrontés, c'est le manque de matière première. Enfin, la partie foncier et vente de maisons, pour l'instant, c'est encore au point mort. Au total, sur nos 140 salariés, la bonne moitié est déjà revenue au travail" résume Gérard Moyse, le président du groupe de construction.

"Il faut un vrai plan Marshall pour le bâtiment" dit Gérard Moyse.


Comme tous ses confrères de la profession du bâtiment, il espère que le redémarrage sera rapide après le 11 mai. "Tout notre personnel est ravi de reprendre le travail. Ce que nous redoutons après, c'est un trou d'air d'ici la fin de l'année" ajoute M. Moyse qui lance quelques pistes de réflexion aux pouvoirs publics pour gérer au mieux l'après : "Il faut d'abord que toutes les réglementations en préparation soient suspendues, comme certaines dispositions de la loi ELAN ou la RE 2020 par exemple. Il faut également aller plus loin dans la défiscalisation des heures supplémentaires car il va falloir faire de nombreuses heures si on veut combler un peu le retard. Il faut aussi élargir le prêt à taux 0, etc. En somme, il faudra un parcours de relance durable, un vrai plan Marshall pour relancer le bâtiment."

Le bâtiment et les travaux publics poussent pour une reprise massive de l'activitéLe bâtiment et les travaux publics poussent pour une reprise massive de l'activité
Fanny et Gérard Moyse, du groupe éponyme, ont déjà repris le chemin du travail depuis une quinzaine de jours.
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Les chantiers de construction de maisons individuelles reprennent. Sur le plan de la commercialisation, c'est une toute autre question...

8,5 millions d’euros de dotations de l’État en vue de stimuler la commande publique.

Les représentants de la profession du bâtiment et des travaux publics s'étaient donné rendez-vous hier en visio-conférence avec le préfet du Doubs Joël Mathurin, justement pour aborder l'après. L'État, par la voix du préfet du Doubs, annonce avoir "débloqué 8,5 millions d’euros de dotations de l’État en vue de stimuler la commande publique et ainsi accélérer la reprise du secteur bâtiment-travaux publics. L’objectif est d’assurer une visibilité sur les carnets de commandes des entreprises de BTP après le report de charges qui interviendra cet été. Au total, grâce à un effet levier d’environ 17 %, ce sont près de 50 millions d'euros de commandes publiques qui devraient être débloqués grâce à ce soutien de l’État" détaille Joël Mathurin.

À l'échelle régionale, 30 à 35% des entreprises ont déjà repris le travail selon Dominique Viprey, le pérsident de la FFB Bourgogne-Franche-Comté. "Nous sommes encore freinés car de nombreux lycées ne sont pas encore accessibles. On espère monter à 50% d'ici la semaine prochaine" dit-il.
De son côté, le secteur des TP a plus massivement repris la route des chantiers. "On est déjà à 80% de reprise, on tend vers les 100% la semaine prochaine" confirme Frédéric Bonnefoy, le président de la FRTP. Tous sont ensuite unanimes sur un point : "Très vite les carnets de commandes vont fondre" ajoute M. Bonnefoy.
Professionnels du bâtiment et des TP craignent plus que tout un blocage de la commande publique de la part des collectivités locales, communes et EPCI, en premier lieu, ces deux dernières étant bloquées par des élections dont le deuxième tour  n'a pas pu avoir lieu. "Si les appels d'offres des collectivités ne peuvent pas sortir, on a de vraies craintes" confirment les représentants de la profession. Les travaux publics à eux seuls dépendent à hauteur de 70% de leur activité de la commande publique.
La reprise est un enjeu d'autant plus vital pour eux. "Il vaut mieux que les collectivités locales fassent travailler nos entreprises plutôt que l'État continue à payer des salariés pour rester en chômage partiel" ajoute l'un de ces représentants d'une profession vitale à la santé globale de l'économie régionale. "Quand le bâtiment va, tout va" a-t-on l'habitude de dire...


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Les travaux d'eau et d'assainissement en panne à Besançon ?

La question a été posée par Jean-Pierre Dauge, le secrétaire général de la FRTP Bourgogne-Franche-Comté : "Une collectivité locale en particulier nous laisse un peu perplexe : Grand Besançon Métropole qui a totalement laissé tomber depuis 2018 ses investissements en matière de travaux d'adduction d'eau et d'assainissement. Ces travaux liés à l'eau représentent 30% de notre activité et l'eau est une vraie priorité sanitaire également."
Face à cette mise en cause, le préfet Joël Mathurin s'est engagé à créer avec les collectivités concernées et les professionnels des TP "un groupe de travail thématique sur l'eau et l'assainissement. Quand il y a un souci, il est nécessaire de nous mettre en mode solution" répond le représentant de l'État.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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