Anne Vignot à nouveau chahutée, notamment sur la mise en place de son Groupe d'étude de l'environnement et du climat (GEEC)
Les oppositions municipales ont fait feu de tout bois pour contester la méthode Vignot lors d'un conseil municipal où aucun dossier de fond n'a suscité de vrais débats constructifs. La forme a pris le pas sur le fond.
Les traditionnels propos liminaires auront duré plus longtemps que la présentation et le vote des 36 sujets à l'ordre du jour de ce conseil municipal de rentrée. Qu'en est-il sorti ? Pas grand-chose de constructif à vrai dire. L'opposition a rapidement dégainé par la voix du leader de Besançon Maintenant Ludovic Fagaut qui a multiplié les salves contre Anne Vignot : "Il vous a fallu deux mois et demi pour installer quatre commissions de travail et en regroupant dans une même commission des sujets qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre. La sécurité a été rattachée à la solidarité et à la démocratie participative. Quelle cohérence ! Votre méthode est brouillonne" a-t-il lâché.
Autre sujet de tension : la mise en place du fameux GEEC (Groupe d'étude de l'environnement et du climat) qui sera présidé par Hervé Richard, chercheur au CNRS, proche d'Anne Vignot et qui a soutenu l'ex-candidate à la mairie lors de sa campagne. "On crie à la supercherie !" s'emporte Ludovic Fagaut, qui enchaîne sur la vigie des Vaîtes - "À quoi sert l'arrêté municipal que vous avez pris s'il n'est pas suivi d'effet ?" -, puis sur les projets de voies cyclables qui selon le leader de l'opposition "oppose cyclistes et automobilistes", et sur les 38 nouveaux policiers annoncés "dont la paternité revient à votre prédécesseur Jean-Louis Fousseret et non pas à vous.". Il dénonce aussi les messages contradictoires concernant les mesures sanitaires : "Vous avez une tolérance à géométrie variable, quand on voit le laxisme dont vous avez fait preuve samedi dernier à l'occasion de la manifestation de gilets jaunes dont beaucoup ne portaient pas de masque."
Dans un style plus délicat, Karima Rochdi (nouvelle leader du groupe LREM-Mo-Dem) a été tout aussi sévère sur la méthode, prenant l'exemple de l'expérimentation concernant la gratuité des transports en commun en cas de pic de pollution, proposée par la majorité. "Cette proposition a été faite en contradiction totale avec la méthode de co-construction que vous prônez depuis le début." Mme Rochdi estime aussi qu'Anne Vignot "n'a aucune proposition concrète pour lutter contre le réchauffement climatique à Besançon."
Le ton est monté d'un cran supplémentaire quand l'adjoint Anthony Poulin (EELV) a défendu contre les attaques la pertinence et l'indépendance du GEEC, "une expérience unique en France", accusant l'opposition de mauvaise foi. "Vous êtes qui pour nous donner des leçons de morale ? s'emporte Ludovic Fagaut. Je ne suis pas votre élève et vous n'êtes pas mon professeur !" Réponse ironique de Nicolas Bodin (P.-S.) : "En écoutant vos arguments M. Fagaut, je me demande parfois si on habite la même commune... Je crois d'ailleurs connaître la réponse...", accusant le leader de la droite d'avoir "défendu en une journée deux positions radicalement différentes sur les Vaîtes lors de votre campagne."
Autre passe d'arme après que Ludovic Fagaut a remis une couche sur "la logique clanique de la majorité. La minorité a juste le droit de s'asseoir et de vous écouter ! C'est ça votre idée de la co-construction ?" Il est rejoint par Laurent Croizier (MoDem) qui dénonce lui aussi "une méthode de travail très irrespectueuse des élus. Ce GEEC est totalement décrédibilisé, il est mort-né ! Je vous demande solennellement de changer de président de cette instance." Le même Laurent Croizier qui flirte avec la démagogie en proposant, sur le thème de l'insécurité, d'étudier la possibilité "que les bailleurs sociaux puissent résilier le bail de ceux qui seraient condamnés pour trafic de drogue." Une proposition qui a fait bondir le premier adjoint Abdel Ghezali : "Vous voulez instaurer une double peine et que la famille de ce condamné se retrouve à la rue ?On a bien avancé avec une telle proposition !"
Imperturbable, Anne Vignot a fait voter la plupart des 36 points à l'ordre du jour, sans opposition sur le fond des dossiers, ou presque. Sur la forme, elle a renvoyé dans leurs cordes les leaders de son opposition, les accusant de manier l'injure - suite à l'emploi du terme "Khmers verts" par M. Fagaut - et les invitant à "plus de modération."
Leurs principales questions restent néanmoins sans réponse. Parmi elles notamment, celle posée par Agnès Martin (l'élue qui remplace Éric Alauzet démissionnaire) : les membres du fameux GEEC seront-ils rémunérés ou bénévoles ?...