Le groupe Bonnefoy, avec le soutien de l’État, a investi dans une centrale cogénération unique en France qui utilise les déchets industriels pour produire de l’énergie. Or, l’usine est à l’arrêt, la société en redressement judiciaire. Une bataille judiciaire s’engage avec un constructeur qui n’aurait pas rempli son contrat.

Il y a de l’eau dans le gaz à Mérey-sous-Montrond, où la société Synnov déchets, filiale du groupe Bonnefoy, va engager dans les semaines à venir une procédure contractuelle à l’encontre de la société Leroux et Lotz Technologies. Cette dernière est chargée d’installer, purifier et produire le syngas (gaz de synthèse), un combustible qui faisait - et qui fait toujours - l’originalité de cette usine annoncée comme “unique au monde.” Ici devait naître un process industriel original et durable pour l’environnement où l’électricité produite puise sa source dans des déchets du bâtiment non valorisables en déchetterie ou cimenterie. De l’énergie fatale devait également alimenter une unité de séchage chargée ensuite de restituer la chaleur dans un réseau relié à d’autres entreprises.

Ici devait naître un process industriel original et durable pour l’environnement où l’électricité
L'usine très prometteuse dans son fonctionnement est une innovation favorable au développement durable.
La centrale cogénération de Merey-sous-Montrond a fonctionné quelques mois en 2020. Elle est à l’arrêt.

Quatre ans après le début des travaux, la cogénération est à l’arrêt alors qu’elle a fonctionné durant neuf mois en 2020 ! Une procédure de redressement judiciaire a été ouverte par le tribunal de commerce de Besançon - le 18 novembre dernier - à l’encontre de Synnov déchets pour un projet tout de même évalué à 36 millions d’euros, soutenu par l’État via la Caisse des Dépôts (6 350 000 euros), le groupe Bonnefoy, actionnaire majoritaire, et des privés à l’image du groupe Nicollin. Bref, il y a de véritables enjeux économiques. Les douze salariés de l’usine ont été reclassés dans d’autres sites ou ont été licenciés.

Usine annoncée comme “unique au monde.”

Comment en est-on arrivé là ? Le 31 décembre 2020, après deux ans d’une mise en installation complexe et chaotique, le groupe Leroux et Lotz chargé du lot 1 devait remettre l’outil de production à Synnov pour valider la “réception”. “Or, nous avons refusé de le réceptionner car les tests d’endurance et de performance n’ont pas été concluants. Cela a été validé par un expert indépendant mais Leroux et Lotz refuse de reconnaître sa responsabilité” répond Frédéric Bonnefoy, pour la société Synnov qui n’a, du coup, pas payé les 5 % restant du contrat à Leroux et Lotz, sur un montant total de 16 millions d’euros tout de même. Un bras de fer est engagé. “Leroux et Lotz a rempli son contrat !, contre-attaque Patrick Blanc, président de cette firme basée à Échirolles et Nantes. Le groupe Bonnefoy ne peut pas nous tenir comme seul responsable alors que la cause des défaillances est liée à la conduite du projet, où l’on note une absence de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre. J’estime que Bonnefoy fuit ses responsabilités” poursuit l’opérateur qui met en avant ses 35 années d’expérience dans le domaine des technologies de combustion et gazéification.

"Nous avons refusé de le réceptionner car les tests d’endurance et de performance n’ont pas été concluants" répond Frédéric Bonnefoy, pour la société Synnov.

Jusqu’en 2021, une procédure de conciliation a tenté de rabibocher les deux parties. Rien n’y a fait. “Les conditions et les coûts d’exploitation garantis par contrat ne sont pas respectés. Nous envisageons donc une procédure contractuelle contre Leroux et Lotz” annonce Frédéric Bonnefoy qui se dit soutenu par l’État. Synnov essuie les plâtres mais ne compte pas baisser les armes.

Et après…

L’usine pourrait repartir en 2022

Malgré le redressement judiciaire de Synnov, la société a toujours le soutien de ses actionnaires. Frédéric Bonnefoy se veut rassurant : “Il est important de regarder vers l’avenir car cette technologie s’inscrit dans le développement durable.

“Il est important de regarder vers l’avenir"

Nous sommes tout proches du but pour que cette installation fonctionne, cela nécessite quelques modifications que le groupe Leroux et Lotz a refusé à engager. On réfléchit à un réinvestissement pour une mise en route en 2022.”


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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