L’ancien président du Conseil départemental et sénateur du Doubs Claude Jeannerot est aujourd’hui à la tête de la société des membres de la légion d’honneur, section du Doubs. Une association qui a organisé ce mois-ci les Chemins de l’excellence, pour récompenser de jeunes apprentis méritants.
C’est à dire : Pour quelle raison avez-vous souhaité vous engager dans cette fonction (bénévole) de président de la société des membres de la Légion d’Honneur du Doubs ?
Claude Jeannerot : Ce qui m’a motivé, ce sont les actions de solidarité que cette association développe tout au long de l’année, qui sont encore méconnues pour la plupart. On pourrait penser que cette société des membres de la Légion d’Honneur fait de l’entre-soi, ce n’est pas du tout le cas, au contraire. Et nos actions sont essentiellement tournées vers la jeunesse, c’est cela qui me motive également depuis deux ans que je préside cette association départementale.
Càd : À quoi sert cette société des membres de la Légion d’Honneur ?
C.J. : Sur le plan national, cette association est née en 1921, au sortir de la Première Guerre mondiale. Elle a été créée pour venir en aide aux familles de légionnaires, les titulaires de la Légion d’Honneur. Progressivement, cette association s’est intéressée à d’autres causes. Être titulaire de la Légion d’Honneur comme le sont tous nos membres n’est évidemment pas une fin en soi, elle crée des devoirs. Si on a été décoré de la Légion d’Honneur, c’est qu’on a peut-être répondu à quelques mérites, mais c’est aussi et surtout parce qu’on a beaucoup reçu des autres tout au long de notre vie. On a donc vocation à rendre ce qu’on nous a donné. Au premier rang de ces devoirs, nous avons à repérer la jeunesse qui réussit. Ce rôle de transmission est sans doute la mission essentielle de notre association.
Càd : Quelles sont justement les missions de votre association au cours de l’année ?
C.J. : Elles sont de deux ordres : la solidarité et le renforcement de la cohésion nationale en direction de la jeunesse. Ce côté intergénérationnel est d’autant plus important que la faiblesse de notre association est de regrouper des membres d’un certain âge. Notre association vieillit par la force des choses et il devient compliqué de la renouveler aussi parce que le nombre de nouveaux légionnaires a été réduit ces dernières années.
Càd : Quel genre d’actions de solidarité menez-vous ?
C.J. : Par exemple pour les personnes âgées titulaires de la Légion d’Honneur dans le Doubs, à qui nous rendons visite régulièrement. Notre doyen a 102 ans, il vit à Ornans. Sur le plan du grand âge, nous avons signé récemment avec une dizaine d’E.H.P.A.D. du Doubs une convention au terme de laquelle, quand un de nos membres intègre un de ces E.H.P.A.D., notre association contribue financièrement à un projet collectif de l’établissement en question grâce à une aide financière de 5 000 euros que nous lui versons pour concrétiser un projet d’équipement par exemple.
Càd : Et pour la jeunesse ?
C.J. : C’est essentiellement ce qui motive le fait que je sois président de cette société départementale. C’est dans cet esprit que j’ai souhaité organiser depuis l’an dernier ces Chemins de l’excellence qui viennent cette année de récompenser une dizaine de jeunes lauréats engagés dans l’apprentissage. C’est ce même esprit qui a présidé cette année à l’organisation des Olympiades de la jeunesse, une manifestation dans laquelle se sont engagés une douzaine d’élèves de trois établissements du département : le lycée Xavier-Marmier de Pontarlier, le lycée des Huisselets de Montbéliard et le C.F.A. du bâtiment de Besançon. Pendant six mois, les jeunes de ces établissements se sont confrontés au travers d’épreuves numériques sur des thèmes touchant à la citoyenneté et à l’engagement associatif. Ces jeunes se sont retrouvés à Paris il y a quelques semaines pour affronter d’autres établissements de France. Au final, c’est le lycée Xavier-Marmier qui a remporté le premier prix. Les douze lycéens pontissaliens partent une semaine à la Toussaint à Chypre. Une autre manifestation qu’on organise au cours de l’année, ce sont les Chemins de l’honneur dont la prochaine édition aura lieu en décembre, et qui récompense cette fois des actions de civisme qu’on repère tout au long de l’année. Le dernier exemple en date était un jeune homme qui avait sauvé une femme de la noyade dans le secteur de Pontarlier.
Càd : Avez-vous été surpris par la qualité des profils récompensés au cours de la cérémonie des Chemins de l’excellence qui s’est déroulée au début du mois ?
C.J. : Tous ces jeunes m’ont vraiment étonné. On taxe trop souvent la jeunesse de décliniste mais cette jeunesse-là, elle nous donne de vrais arguments d’espoir, de vraies raisons d’espérer en l’avenir de notre pays. Quand je vois cette jeune fille lauréate qui, en plus de son engagement professionnel dans le T.P., est sapeur-pompier volontaire, j’ai de l’admiration. Comme pour ce jeune handicapé de naissance qui rêvait d’être menuisier puis, sachant que ce ne serait pas possible pour lui, a cherché, en suivant des tutos sur Youtube, comment devenir bijoutier-joaillier et a pu intégrer une formation pour ces métiers au lycée des Huisselets. Ce sont vraiment des gamins qui méritaient d’être mis dans la lumière. Pour cela, je suis assez fier.
Càd : Comment devenir titulaire de la Légion d’Honneur ?
C.J. : Même si certains le font, il ne faut surtout pas postuler ! (rires). Chaque ministère dispose chaque année d’un quota et fait remonter les dossiers auprès du grand chancelier de la Légion d’Honneur qui soumet la liste au président de la République qui, au final, décide. Il y a actuellement environ 500 légionnaires dans le Doubs (75 000 en France), dont près de 300 sont membres cotisants de notre société départementale.
Càd : Vous êtes en retrait de la politique mais vous avez sans doute un avis sur le nouveau gouvernement ou encore sur la façon dont sont menées les affaires au Conseil départemental du Doubs ?
C.J. : Je suis un observateur attentif de cette actualité politique bien sûr ! Mais en prenant cette responsabilité à la société des membres de la Légion d’Honneur, je me suis engagé à respecter un devoir de réserve ! Nous nous devons de rester neutres sur le champ politique et heureusement. Les commentaires politiques, je ne peux les faire qu’en privé ! (rires).
Les Chemins de l’excellence ont livré leur verdict
La deuxième édition de cette cérémonie s’est tenue à Besançon le 2 octobre dernier dans la salle des séances de l’ex-Région de Franche- Comté square Castan. Elle a récompensé dix jeunes issus de la filière apprentissage, dans des domaines aussi variés que le bâtiment, la mécanique, les assurances, le commerce, la vente ou l’agriculture. La lauréate des lauréats cette année est Inès Biguenet, conductrice de travaux chez C3B à Besançon, titulaire d’un Master management de projet au lycée Pâris de Besançon, également pompier volontaire à Sancey.