480 chamois seront tués dans le département pendant la saison de chasse 2024-2025, au grand dam des associations pour la protection de la nature.
La vie des chamois dans le Haut-Doubs n’est plus un long fleuve tranquille. “Protégés par le passé, ils sont maintenant détruits au nom des intérêts des forestiers et des chasseurs qui les considèrent comme nuisibles, malgré l’absence de dégâts forestiers et agricoles significatifs légitimant cette destruction”, déplore Jean Chapuis, délégué départemental de l’A.S.P.A.S. (Association Pour la Protection des Animaux Sauvages).
On peut évaluer la population de chamois entre 1 500 et 2 000 individus dans le Doubs, soit une densité actuelle inférieure à un animal aux 100 hectares boisés, quand elle atteint 5 à 8 fois cette valeur dans des parcs naturels comme celui des Écrins ou du Chasseral proche. Le taux naturel de croissance est de l’ordre de 10 à 15 %, et on estime que le lynx, prédateur naturel et protégé en France, peut réguler environ 10 % de la population de cet ongulé.
“On voit bien qu’il n’est pas légitime d’un point de vue environnemental de vouloir sacrifier 480 chamois dans notre département, ses prédateurs naturels étant plus efficaces et justifiés dans l’équilibre des forêts. La chasse au chamois est essentiellement un loisir pour 7 000 chasseurs (1,5 % de la population du Doubs), mais ce divertissement n’a pas de légitimité biologique, sanitaire ou économique, compte tenu de l’impact négligeable de ces mammifères sur les productions agricoles et forestières”, plaide-t-il.
Aucun problème documenté et avéré, significatif, n’existe sur les dégâts au niveau agricole, ni sur l’abroutissement (broutage de jeunes arbres) ou l’écorçage dans le milieu forestier en liaison avec le chamois. Ils sont des éléments structurants de notre biodiversité.
Ils se nourrissent d’herbes, de feuilles d’arbres, de baies et champignons. L’hiver venu, ils se tournent vers les herbes sèches, feuilles mortes, mousses et lichen, aiguilles de pins et de sapins.
“La présence des chamois favorise une biodiversité harmonieuse et le maintien de milieux ouverts qui coexistent avec des forêts naturelles. Plus la forêt est aérée et variée, plus le nombre d’espèces qui y vit est important”, constate le délégué de l’A.S.P.A.S.
“Les périodes de chasse s’étendent pratiquement sur 9 mois (en fonction des espèces), à raison de 6 jours par semaine, ce qui laisse peu de répit à nos animaux sauvages dont la vie s’apparente plus à de la survie au quotidien”, poursuit-il.
“Face aux enjeux environnementaux actuels, nous devons tous préserver et valoriser notre biodiversité et notre milieu, restaurer les processus naturels et les écosystèmes : les chamois font partie de notre patrimoine et héritage commun. L’intérêt général doit prendre le pas pour protéger et défendre ce trésor naturel, inestimable et enviable, dans une société respectueuse du monde vivant en général”, conclut Jean Chapuis.