Victorine Kauffmann fait partie de celles qui préfèrent chasser à l’arc. Une pratique qui montre d’autant plus d’intérêt en milieu urbain, selon elle, qu’on se trouve parfois proche des habitations. Certains secteurs n’autorisent d’ailleurs que cet usage, notamment sur Chaudanne.
Qu’une femme chasse, et de surcroît à l’arc, peut sembler étonnant. Ce n’est pourtant pas si rare à en croire les connaisseurs. C’est même de plus en plus fréquent. La pratique attire nombre d’amateurs ces dernières années, aidée par la présence au niveau local de l’association des chasseurs à l’arc de Franche-Comté (A.C.A.F.C.), qui fait passer non seulement la formation réglementaire mais propose aussi de la compléter.

“Depuis qu’elle a été autorisée en 1995 en France, la chasse à l’arc s’est beaucoup démocratisée”, confirme Victorine. “Le fait que ce soit très répandu aux États-Unis et l’appétence des jeunes pour cette culture amène à la faire encore plus rayonner.” Si elle attirait autrefois surtout des anciens chasseurs au fusil, elle touche essentiellement aujourd’hui la jeune génération en première intention. Des jeunes plus en phase avec cette philosophie de chasse à l’approche et à l’affût. “Ce qu’on aime, c’est ce contact avec l’animal et la nature. On monte dans les arbres, on attend, on observe. On connaît chaque individu et on suit les traces plusieurs semaines avant. Rien n’est fait au hasard. Cela nécessite tout un travail de repérage”, explique la jeune femme.
Cette Bisontine s’y est mise il y a deux ans, dans le sillage de son compagnon archer, Aloïs. Peu sensible au départ au milieu de la chasse, rien ne l’y prédestinait vraiment. “J’ai passé mon permis pour démystifier l’image que j’en avais.” Depuis, elle partage avec enthousiasme ses rencontres avec les troupeaux de chamois et autres chevreuils, biches ou sangliers, avec les gens qu’elle croise ou sur les réseaux sociaux. Le couple alimente régulièrement de photos son compte Instagram.

Membres de l’association communale de chasse agréée de Besançon (A.C.C.A.), ils évoluent sur différents secteurs comme la Chapelle des Buis ou Chaudanne, où seule la chasse à l’arc est autorisée par endroits. Plus silencieuse, elle permet d’intervenir en très courte portée. Ce qui est idéal en zone péri-urbaine. Il leur arrive aussi d’être chargés de la régulation des ragondins, classés parmi les espèces envahissantes susceptibles d’occasionner des dégâts (E.S.O.D.).
Si leur présence surprend parfois les résidents, ils sont généralement bien accueillis. “C’est plus facile de parler de chasse quand on est archer”, reconnaissent-ils, “notamment sur les grandes questions du bien-être animal, de la vie sauvage ou de la régulation.” Et si on a souvent cette impression d’une chasse plus respectueuse, ce n’est pas un hasard, selon eux. “Il ne nous viendrait jamais à l’esprit de tirer sur un petit ou sa maman. On prélève principalement des animaux blessés”, précise Aloïs. “La pratique rejoint, sur bien des points, celle des photographes animaliers.” Le relevé des pièges photographiques fait d’ailleurs partie des moments qu’ils attendent. “L’état d’esprit n’est pas forcément de tuer, sachant qu’on n’a qu’un essai. On doit se rapprocher le plus près possible. C’est beaucoup plus exigeant que la carabine ou le fusil et ce qu’on veut éviter, c’est de blesser l’animal”, indique Victorine.
Elle a elle-même tenu à longuement s’exercer avant de se lancer. “Au début, je tirais 500 flèches par semaine pour m’entraîner.” Le couple continue de se rendre régulièrement au club de tir à l’arc de Marchaux pour s’exercer sur des cibles 3D ou des formes animales en mousse. “C’est très technique. Chaque archer tire différemment et personnalise ses flèches. Ce qui nécessite de tester et développer ses connaissances”, ajoute la jeune femme, qui utilise surtout un arc à poulies, plus facile à manier.