Initié par Séverine Bey, cadre de santé, l’hôpital de jour de la santé des femmes prend en charge 3 parcours de soins, (7 à terme en 2025). Basée sur l’éducation thérapeutique, la prise en charge se veut globale en tenant compte de l’individualité de la patiente.

Dans les couloirs du C.H.U., à l’étage de l’hôpital de jour de la santé des femmes, Séverine Bey est sur tous les fronts. La dynamique cadre de santé, à l’initiative de ce nouveau service hospitalier, unique en France (pour l’instant), répond présente à toutes les sollicitations. Il faut dire que cet hôpital de jour innovant est un peu son bébé. Séverine Bey l’a mûri, l’a fait grandir jusqu’à lui donner naissance.

Le Docteur Yolande Maisonnette, gynécologue et médecin de l’H.D.J.

Puéricultrice, cadre depuis 9 ans dans le pôle Mère-femme, Séverine Bey est partie d’un constat. Elle a suivi pendant plusieurs années le parcours d’oncologie pédiatrique. “En pédiatrie, il y a une prise en charge plus globale. Mais pour les adultes, ce n’était pas le cas.” Elle obtient alors un diplôme universitaire en éducation thérapeutique et valide un master 2 en promotion en éducation et à la santé. C’est dans ce cadre qu’elle élabore la création d’un hôpital de jour pour la santé des femmes. Concrètement, l’hôpital de jour accueille des patientes qui suivent 7 parcours de soins innovants, ces derniers recoupant les pathologies les plus fréquentes chez les femmes. Pour l’heure, alors que l’hôpital de jour n’a ouvert que depuis octobre, seuls 3 parcours de soins sont ouverts : le parcours chirurgie cancer du sein, la chirurgie de pelvis et l’endométriose. Les autres (troubles de la statique pelvienne, la santé sexuelle de la femme, le parcours endocrino-gynécologie et patients présentant une diversité de genre, et le parcours P.M.A.) suivront en 2025. Les objectifs, multiples, tendent tous vers une meilleure prise en charge globale de la patiente, pour améliorer la qualité de vie et réduire la morbidité et les séquelles. Il s’agit de prendre en compte la patiente dans son individualité tout en la rendant actrice.

Séverine Bey a été à l’initiative de l’hôpital de jour santé des femmes.

Pour atteindre ce résultat, l’hôpital de jour s’appuie sur deux principes : la R.A.A.C. (réhabilitation améliorée après chirurgie) et l’éducation thérapeutique. “L’éducation thérapeutique est une approche pédagogique centrée sur le patient, éclaire Séverine Bey. On redonne du pouvoir au patient. On part des connaissances du patient et on adapte les informations. Il s’agit de prendre possession de son parcours patient pour en être le plus acteur possible. On inverse le paradigme sachant-patient. D’ailleurs, à l’hôpital de jour, ce sont les soignants qui bougent, et non les patientes. On remet le patient au cœur de sa prise en charge.”

Pour appuyer son propos, la cadre de santé se réfère aux chiffres. Cinq ans après un cancer, 60 % des patients ont des séquelles, un tiers n’ont pas de suivi. L’H.D.J. a donc pour but d’agir en amont pour diminuer les séquelles, et donc gagner en qualité de vie. Le C.H.U. traite environ 500 patientes par an pour une chirurgie de cancer du sein, 160 pour une chirurgie du pelvis. Quant à l’endométriose, elle concerne 1 patiente sur dix. 5 places d’H.D.J. en hospitalisation sont ouvertes ainsi que trois salles de consultations qui peuvent accueillir 12 patientes au maximum par jour. L’H.D.J. a pris en charge 81 patientes sur les parcours chirurgie du sein et endométriose.

“Aujourd’hui, 72 % des opérations se font en ambulatoire, l’interface soignant-soigné a diminué, on a très peu de temps pour connaître le patient, il faut être très efficient pour donner les informations, le patient a peu de temps pour parler de lui”, reprend Séverine Bey. “À l’H.D.J., on a une approche globale, on formalise les parcours de soins, on améliore aussi la coordination hôpital-ville, on facilite le travail des généralistes.”

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L’impact de cette approche globale sur les patientes, le Docteur Yolande Maisonnette, gynécologue et médecin référent de l’H.D.J., le voit au quotidien. “Les patientes arrivent plus sereines à l’opération, elles voient les choses plus positivement, elles se sentent plus à l’aise.” Le médecin en convient : avant, il n’y avait rien ou peu. “On les voyait en consultation d’annonce, en rendez-vous puis lors de la chirurgie. Il manquait du liant, on ne pouvait pas tout aborder. Là, on voit que ça leur permet de connaître plus la maladie, on a toute la journée pour aborder plus de choses. Il y a une qualité de prise en charge supérieure, cela nous apporte du confort et une meilleure prise en charge dans la totalité.”

À terme, lorsque tout sera fixé, Séverine Bey aimerait aborder aussi la ménopause pour que la patiente soit considérée dans toute sa globalité de femme. Fort d’une équipe pluridisciplinaire, alliant infirmier, sage-femme, psychologue, kinésithérapeute, assistante sociale, associations… l’hôpital de jour plonge au cœur de ses patientes, soignant leur corps et leur âme marqués par la maladie.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Bisontine
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