Face aux problèmes d’engorgements routiers sur les principaux axes de circulation entre le Haut-Doubs et la Suisse, des frontaliers ont décidé de se mobiliser, non pas pour se plaindre, mais pour contribuer avec tous les acteurs du transport, de la mobilité à la recherche ou à l’amélioration de solutions permettant de fluidifier le trafic routier.

Les bouchons au passage des douanes font désormais partie du quotidien non seulement des travailleurs frontaliers, mais de tous les habitants du Haut-Doubs. Avec le développement de l’économie frontalière, le trafic routier s’intensifie en se concentrant sur les principaux axes permettant de franchir la frontière. On pense bien sûr aux postes frontières du Col-des-Roches du côté de Villers-le-Lac et de Vallorbe à Jougne.

Les axes transfrontaliers sont très vite surchargés aux heures de passages de pendulaires, comme ici du côté de Goumois.

Difficile de créer de nouvelles dessertes dans un environnement contraint ou alors au prix d’investissements qui dépassent aujourd’hui l’entendement. Et la situation ne fait qu’empirer. Le moindre chantier sur les routes, comme sur la R.N. 57, comme cela a été encore le cas avec l’aménagement d’un rond-point à Jougne, provoque des ralentissements interminables.

Si elles vont dans le bon sens écologique notamment, les alternatives ferroviaires, de navettes en bus, voire de covoiturage, sont largement insuffisantes pour impacter la fluidité du trafic aux heures de pointe. “Depuis deux ans, c’est une galère sans nom. On passe des heures sur la route pour se rendre au boulot comme pour rentrer chez soi. Actuellement, cela représente 2 heures à 3 heures de déplacement quotidien, soit des journées de 12 heures consacrées au travail”, témoigne Raphaël Borne, travailleur frontalier et administrateur du groupe Info Trafic Haut-Doubs, qui réunit 35 000 abonnés.

“Actuellement, cela représente 2 heures à 3 heures de déplacement quotidien, soit des journées de 12 heures consacrées au travail”, témoigne Raphaël Borne, frontalier et créateur du groupe Facebook Info Trafic Haut-Doubs.

D’autres groupes existent et tous témoignent du ras-le-bol des frontaliers fatigués de passer des heures dans les bouchons. Certains imaginent même la mise en place de liaisons aériennes exploitées par la compagnie “La Frontaliair” entre l’aérodrome de Pontarlier et l’aéroport de Lausanne-Blécherette. Une façon de survoler l’obstacle.

“Depuis des mois, à chaque fois que je discute avec un travailleur frontalier, le premier sujet abordé concerne la route. La discussion tourne toujours autour des bouchons, des ralentissements, de la fatigue que cela entraîne”, explique Mickaël Schoepf. Faisant lui aussi partie du groupe Info Trafic Haut-Doubs, il a pris contact avec Raphaël Borne. “Ensemble, on a pensé qu’il était temps d’entamer une réflexion commune pour faire en sorte que ces routes, qui sont une épreuve pour beaucoup, puissent devenir plus vivables. C’est une démarche qui vient du terrain, de ceux qui vivent cette réalité chaque jour… Face à l’urgence de la situation, nous pensons qu’il est essentiel de prendre la parole pour rassembler les gens et œuvrer ensemble vers des solutions durables”, complète Mickaël Schoepf.

Cette initiative a pris la forme d’une lettre ouverte diffusée auprès des médias, des collectivités, des décideurs, opérateurs de transport qui travaillent sur ces questions de mobilité transfrontalière. “On n’est pas là pour râler. On est prêt à s’engager pour écouter, recenser les besoins, trouver des solutions pratiques, durables. Nous aimerions que cela aboutisse à la création d’un groupe de travail”, annonce Raphaël Borne, qui a déjà contacté plusieurs communes de la bande frontalière pour présenter la démarche.

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Les deux frontaliers à l’origine de cette initiative estiment qu’il serait par exemple possible d’encourager le covoiturage en aménageant davantage de parkings au plus près de la frontière. “Il y a un manque de signalétique. Certaines aires de covoiturage occupent parfois d’anciennes places à bois en tout-venant où chacun se gare comme il peut. C’est parfois anarchique. Des améliorations sont possibles”, estiment-ils.

Même constat pour les lignes ferroviaires avec la suggestion d’étudier la possibilité de développer certaines lignes comme celle entre Pontarlier et Vallorbe via Frasne. “Pourrait-on prolonger les abonnements C.F.F. en y incluant les gares S.N.C.F. de frontières ? Cela se fait à Annemasse, et pourquoi pas ici ? On propose aussi d’étudier la faisabilité de faire des navettes tous les quarts d’heure entre la gare des Longevilles-Mont-d’Or et celle de Vallorbe en liaison avec le R.E.R. Vaud.”

Mickaël Schoepf et Raphaël Borne encouragent toutes les personnes intéressées à les contacter sur l’adresse mail : hautdoubsfautquecaroule@gmail.com. “On les invite à nous faire part de leurs idées, leurs propositions. Nous organiserons ensuite une rencontre et si le besoin s’en fait sentir, nous pourrons nous constituer en association.”

ZOOM

Info trafic Haut-Doubs

Ce groupe public Facebook a été créé il y a quatre ans par Raphaël Borne. Ce frontalier souhaitait alors pouvoir informer tous les pendulaires sur les accidents, bouchons, ralentissements constatés en temps réel sur les axes frontaliers. “On publie aussi beaucoup d’infos, d’articles en lien avec l’actualité frontalière. C’est accessible à tous sous réserve de respecter quelques règles de savoir-vivre. La politesse, le respect des autres, pas d’insultes. On n’annonce jamais les contrôles douaniers, ni de police. C’est rare mais il nous arrive de bannir des personnes”, rappelle le créateur qui est aujourd’hui assisté par deux autres administrateurs et quatre modérateurs. Tous sont des bénévoles. Au bout de quatre ans, ce groupe a réussi à rassembler près de 35 000 abonnés.


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