Les recensements se suivent et se ressemblent en terre saugette qui a vu sa population augmenter de près de 20% depuis 2011. Une chance indéniable avec ses avantages, ses inconvénients et ses contreparties.
Les cinq communautés de communes affichant la plus forte dynamique démographique entre 2016 et 2022 sont toutes situées sur la bande frontalière. Avec un taux de variation annuel moyen d’1,42 %, la com’com de Montbenoît, rebaptisée depuis peu Entre Doubs et Loue, arrive en tête, devant la com’com du plateau du Russey (1,3 %) et celle du secteur Frasne-Drugeon (1,1 %). Cette croissance d’1,42 % correspond à une augmentation de population de 669 habitants pour une com’com qui compte 8 255 habitants en 2022 contre 6 909 habitants en 2011. Ainsi, le pays sauget est porté sur une croissance soutenue mais aussi très régulière depuis une quinzaine d’années.
Second constat, cette hausse de population est très inégale sur ce territoire encore très rural. À l’échelle communale, c’est La Chaux-de-Gilley qui progresse le plus avec un taux annuel de 2,46 % devant Bugny (2,25 %) et Les Alliés (2,21 %). Inversement, la population de Renédale est en perte de vitesse : -1,53 % de variation annuelle. C’est la seule commune à taux négatif.
“Cette croissance reflète le dynamisme de tout le Haut-Doubs toujours porté par la vitalité du travail frontalier. On y gagne des consommateurs, des devises injectées dans le tissu économique et un taux de chômage toujours très bas. Les inconvénients, on les connaît bien avec les problèmes de circulation sur certains axes, le renchérissement du coût de la vie notamment pour le foncier et le prix des loyers. Un autre point concerne l’intégration des nouvelles populations dans la vie associative ou la vie locale. C’est sans doute une question de temps. Il ne faut surtout pas que nos villages deviennent des cités-dortoirs”, indique Élisabeth Viennet, la présidente de la com’com Entre Doubs et Loue.
Elle apprécie les bénéfices de la croissance démographique sous réserve qu’elle ne soit pas trop brutale. “Les infrastructures existantes correspondent pour l’instant aux besoins. Mais si la population progresse de façon significative, se posera alors la question d’ajuster par exemple la capacité des écoles. Ce qui suppose d’investir mais en aura-t-on les moyens ?”
L’un des grands dilemmes des élus du Haut-Doubs, c’est de pouvoir répondre aux perspectives de croissance en termes d’habitat sans être bloqué par la réglementation, notamment le dispositif Z.A.N. : Zéro Artificialisation Nette. “Aujourd’hui, le Z.A.N., c’est le grand flou. Dans les 20 ans à venir, le Haut-Doubs devrait accueillir près de 35 000 nouveaux habitants pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’économie suisse. C’est ce que l’on nous annonce. Si on est bloqué au niveau de l’espace, la seule solution serait de construire en hauteur mais ce n’est pas du tout dans l’esprit du territoire.”
Plus d’habitants, cela signifie plus de rentrées fiscales mais aussi des cotisations plus élevées pour adhérer à divers syndicats. En 2022, trois communes de la com’com Entre Doubs et Loue (Arçon, La Longeville et Maisons-du-Bois-Lièvremont) se rapprochent de la barre des 1 000 habitants, seuil au-delà duquel les communes basculent en scrutin de liste en y intégrant aussi la liste des conseillers communautaires. Le cas de La Longeville a évolué le 1er janvier avec la création de la commune nouvelle Pays de Montbenoît.