"Pour être acceptées, les mesures doivent être justes et justifiées"
La parlementaire demande la réouverture des commerces dits "non essentiels" pour une raison d'équité. Santé et économie peuvent, selon elle, cohabiter.
De retour de l'Assemblée nationale, la députée du Doubs Annie Genevard a rencontré jeudi 29 octobre des commerçants mortuaciens. Certains étaient en pleurs après l'annonce du gouvernement de fermer les commerces dits "non essentiels". Forcément touchée, la première vice-présidente de l'Assemblée nationale fut l'une des premières à monter au créneau pour défendre le "commerce de proximité" en demandant sa réouverture contre l'avis du gouvernement. Mercredi 4 novembre, peu avant les questions au gouvernement, elle a accepté de préciser sa pensée alors que les cas de Covid-19 augmentent encore.
La Presse Du Doubs : La situation sanitaire flambe. Est-il raisonnable de demander la réouverture des commerces "non essentiels" ?
Annie Genevard : Je refuse de me laisser enfermer dans ce débat qui opposerait l'économie à la santé. Le gouvernement laisse travailler les usines, les artisans, les services publics... mais décide de fermer les restaurants, commerces de proximité, sociétés travaillant dans l'événementiel.
Notre article du 30 octobre :
La colère du commerce "non-essentiel" est justifiée car les professionnels la ressentent comme une forme de mépris. Ce sont les seuls à ne pas pouvoir travailler alors qu'ils ont fait de gros efforts pour respecter les consignes sanitaires, à proposer du gel, à respecter la distanciation... La question qui se pose : sont-ce des lieux de contamination ? C'est ce que semble dire le gouvernement.
LPDD : Rouvrir les magasins, c'est davantage de monde dans les rues, davantage de brassage de population. N'est-ce pas déraisonnable ?
AG : Il existe des propositions comme celle du MEDEF de permettre le clic and collect ou les retraits sur rendez-vous. Les commerçants sont dans l’incompréhension quand ils voient des gens en nombre dans les transports publics. On peut aussi donner la possibilité de se rendre dans ces commerces avec une autorisation spécifique d'une heure par exemple. "Pourquoi serions nous les sacrifiés ?" se demandent à juste titre ces professionnels alors que cette fermeture tombe quand les stocks sont pleins avant Noël. Ce n'est pas l'aide gouvernementale apportée qui leur permettra de les écouler avant les fêtes. Il faut entendre leur détresse.
"J'adopte une position de raison qui n'oppose ni le sanitaire ni l'économie."
LPDD : Les Suisses viennent à Morteau ou à Pontarlier acheter des denrées alimentaires alors que ces pays sont en niveau écarlate. Est-ce raisonnable ?
AG : Il faut une harmonisation des pratiques pour éviter des contaminations d'un pays à l'autre. Les gens sont disciplinés. Suisse et France ont fait le choix de la poursuite de la vie économique. J'ai fait une intervention pour permettre la poursuite du télétravail jusqu'à fin décembre. Dans les usines en Suisse, il faut également le respect du port du masque.
LPDD : Avez-vous invité les maires de Pontarlier et de Morteau à prendre un arrêté municipal de réouverture des commerces ?
AG : Ni le maire de Morteau, ni celui de Pontarlier, n’y ont songé. Ceux qui l'ont fait ont été des lanceurs d’alerte comme à Audincourt. On sait que ces arrêtés seront ensuite contestés. Je le répète : j'adopte une position de raison qui n'oppose ni le sanitaire ni l'économie.