Cyrille Mattera qui gère deux agences immobilières à Pontarlier et Métabief pointe du doigt les incohérences d'un confinement à géométrie variable.
Les agences ont la possibilité de vendre ou louer des biens sans pouvoir les faire visiter aux clients.
L'ancien talonneur du CAP Pontarlier qui ne lâchait rien sur le terrain a toujours gardé cet état d'esprit dans ses activités professionnelles. Un battant qui estime que la définition d'un commerce essentiel ne peut se réduire aux seuls produits alimentaires, de mobilité, ou de santé...
"Aujourd'hui, comment un agent immobilier peut répondre à la demande d'un acquéreur ou d'un locataire en sachant qu'il n'a pas le droit d'emmener ses clients en visite même si le logement est vide ? Pas sûr qu'ils décrochent leur futur job sans solution de logement. Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas exercer ainsi notre profession dans le respect des gestes barrières, la distanciation, et en limitant le nombre de personnes." Les agences qui sont fermées au public ont toujours le droit de mettre en vente ou en location des biens immobiliers. Elles continuent aussi à assurer la gestion des biens qui leur sont confiés : encaissement des loyers, état des lieux...
"Je reste optimiste mais énervé d'être parfois pris pour le dindon de la farce !"
La bulle immobilière du Haut-Doubs semble toujours d'actualité. "Une heure après l'annonce du confinement par le président, j'avais déjà un appel d'un client à la recherche d'un appartement sur le secteur du Mont d'Or. On reçoit des demandes de locations tous les jours à Pontarlier comme à Métabief." Cyrille Mattera admet que le marché immobilier sur le Haut-Doubs a vite repris des couleurs depuis le déconfinement. Avec deux associés, il prévoit même d'ouvrir une troisième agence à Morteau.
Pas besoin pour l'instant de passer en chômage partiel une partie du personnel comme ce fut le cas en mars. Ni de sombrer dans l'euphorie dans un contexte sanitaire et économique particulièrement anxiogène. "Tous les jours, il faut savoir faire preuve de pédagogie, d'écoute vis-à-vis du personnel et des clients inquiets de la situation. On doit rester très vigilant. J'estime que le déconfinement a été bien trop rapide. Il aurait fallu rester plus prudent en juin, juillet, août. De même le reconfinement manque de rigueur quand on observe les attroupements, la densité du trafic."
La solution d'organiser des visites virtuelles des logements, des maisons à vendre ou à louer n'a aucun sens, selon lui, sur ce type de produit. "Qui serait capable de mettre des centaines de milliers d'euros dans un bien sans l'avoir vu concrètement ?"
Fidèle à son tempérament, le chef d'entreprise n'oublie pas de rappeler que le gouvernement continue à encaisser les charges. "Je ne me plains pas. Je reste optimiste mais énervé d'être parfois pris pour le dindon de la farce !"