Les Docteurs bisontins Marina Deschamps et Christophe Ferrand à la pointe de l'immunothérapie.
Les docteurs Marina Deschamps et Christophe Ferrand (EFS) ont imaginé un traitement curatif pour armer les cellules immunitaires contre la Covid-19. Leur projet nommé Covi-TRaC a reçu un financement dédié. La complexité du médicament et sa mise en œuvre ne permettront pas de le déployer à large échelle.
Ils font partie des pionniers de l’immunothérapie en France, dont une des applications permet de lutter contre certains types de cancer, la leucémie par exemple. Le principe de cette thérapie innovante consiste à stimuler le système immunitaire du patient pour détruire la tumeur cancéreuse. Les recherches des docteurs Marina Deschamps et Christophe Ferrand, de l’Unité mixte de recherche UMR 1 098 RIGHT, hébergée au sein de l’établissement français du sang (EFS) à Besançon, ont déjà fait l’objet de nombreux articles dans nos colonnes.
Mais aujourd’hui, c’est dans un autre champ d’application que les chercheurs bisontins ont réalisé une découverte d’importance, là où on ne les attendait pas. Ils ont imaginé un traitement qui prendra la forme d’un médicament contre la Covid-19 en isolant une cellule, en l’armant, en la dirigeant contre l’attaque du SRAS-Cov-2. Leur projet a été retenu pour un financement d’amorçage devant quinze autres. Attention, cette découverte ne sera sans doute jamais destinée à tous les patients mais à une cohorte très faible que sont les personnes transplantées, les personnes immunodéprimées…, afin de pouvoir leur faire passer un cap critique Pourquoi ? Parce que leur trouvaille est “un traitement sur-mesure” explique Marina Deschamps. Un traitement qui pourrait coûter “à la louche” plus de 300 000 euros par patient !
“On a besoin de la cellule du malade pour lui fabriquer son propre médicament", vulgarise Christophe Ferrand.
Comment en sont-ils arrivés jusque-là ? Lors du confinement, Marina était chez elle à Antorpe (Saint-Vit), Christophe à Dampierre (Jura voisin). “Ce fut une période prolifique pour mûrir des idées provenant de recherches préexistantes et des communications scientifiques sur la Covid-19, prolifiques durant cette période, car on avait le temps pour le faire mais surtout les moyens techniques car nos collègues à l’EFS de Besançon, qui participent à l’étude Coviplasm ont pu nous fournir les échantillons. C’est un travail d’équipe” poursuit Marina Deschamps.
Les deux scientifiques ont utilisé leurs solides connaissances dans le domaine de l’immunothérapie antitumorale cellulaire et des cellules CAR-T pour imaginer ce processus adapté. Comment ça marche ? “On a besoin de la cellule du malade pour lui fabriquer son propre médicament, vulgarise Christophe Ferrand. On isole les lymphocytes T (globules blancs) présents dans le sang pour identifier les gènes qui ont reconnu la maladie, en utilisant des technologies de biologie moléculaire. Ces gènes sont ensuite transférés vers des cellules “T” que nous armons. Comme des GPS, elles sont guidées dans le corps pour tuer la cellule infectée” poursuit le chercheur de l’EFS. Dit comme cela, tout paraît simple. Cette technique devrait donner de bons résultats, en particulier pour les patients immunodéprimés, pour lesquels un vaccin ne serait pas applicable.
Nommé “Covi-TRaC”, ce dispositif revêt un double intérêt : thérapeutique d’abord, scientifique ensuite. Cette recherche permettra aussi de comprendre la dérégulation du système immunitaire provoquée par le virus. La recherche bisontine demeure à la pointe.