Tous les partenaires étaient réunis le 5 décembre sur la zone du Bas-de-la-Chaux pour la pose de la première pierre, en forme de botte de paille, d’un nouveau pôle coopératif dédié au réemploi et à l’économie circulaire.
La crise du Covid, comme le rappelait Gilles Robert, le président de la com’com du Plateau du Russey, a mis en évidence l'obsolescence de l’actuelle déchetterie du Bélieu qui traite quand même 6 300 tonnes de déchets par an produit sur un territoire de 26 000 habitants.
“On se souvient des problèmes d’engorgement du site en 2020 avec les embouteillages, l’agacement des usagers. À partir de là, les élus ont lancé une étude prospective pour améliorer les conditions de collecte. On avait travaillé sur trois scénarii. On a d’abord abandonné l’idée de réhabiliter le site actuel car le problème d’enclavement demeurait. On aurait également pu construire deux déchetteries au Bélieu et au Russey mais cela s’avérait trop coûteux, d’où finalement ce projet d’un site unique pour les deux com’com. Cela permettait de réaliser une économie de foncier.
Autre avantage, celui de rester à proximité avec l’actuelle déchetterie. Enfin, en partant de zéro, on peut dimensionner un pôle qui répond aux enjeux environnementaux, aux attentes sociétales et à la croissance démographique du territoire.”
Ce projet ambitieux présente l’originalité de fédérer deux com’com. Il dépasse largement le cadre d’un simple traitement-recyclage des déchets. Cette nouvelle infrastructure permettra en effet de regrouper une recyclerie-matériauthèque afin de collecter, réparer et revendre des objets du quotidien, des ateliers de valorisation et un espace pédagogique dans une logique de complémentarité et de création de nouvelles coopérations.
Pour Cédric Bôle, le président de la com’com du Val de Morteau, “ce pôle concrétise une vision à 20 ans autour de trois axes : déchetterie, réemploi et économie circulaire. La pose de cette première botte de paille est assez symbolique en termes de sobriété énergétique et d’empreinte carbone. Ce chantier témoin privilégie l’utilisation de bois scolyté, des matériaux biosourcés… Sans oublier des panneaux photovoltaïques, une centrale de production, et le réseau chaleur alimenté en plaquettes bois.”
La dimension sociale, éducative, citoyenne est aussi un point fort de ce projet. “Le volet pédagogique et insertion représentera 75 % des 30 emplois rattachés à ce pôle”, souligne Nicolas Onimus, le sous-préfet. Ce pôle dédié au réemploi et à l’économie circulaire est aussi un projet de référence dans la stratégie de Préval en charge de la prévention et de la valorisation des déchets ménagers du Haut-Doubs.
“On couvre les deux tiers du département, soit un espace de 140 000 habitants, souligne Claude Gindre, le président de Préval. La gestion des déchets a beaucoup évolué au fil du temps. En 20 ans, on est passé de la prévention, au tri-recyclage. Et depuis quelques années, on valorise les déchets pour les transformer en ressources. Après Rebon à Maîche, le pôle du Bélieu s’intègre dans une stratégie de recycleries qui se prolongera bientôt au Valdahon et se terminera je l’espère avec la création d’un site similaire du côté de Pontarlier. On sait que la recyclerie du Bélieu permettra de détourner entre 1 200 et 1 500 tonnes de déchets par an.”
Valérie Pagnot, conseillère régionale, se réjouit de l’exemplarité d’un projet qui se veut innovant. “C’est un bel exemple de mutualisation qui va au-delà des frontières administratives. Il y a aussi des valeurs de fraternité dans cette recyclerie qui sera un lieu solidaire. Ce projet s’inscrit aussi pleinement dans l’esprit de la charte du P.N.R. du Doubs horloger.”
Même son de cloche chez Christine Bouquin, la présidente du Département, qui n’a pas ménagé ses efforts pour que ce projet puisse aussi être soutenu par la collectivité qu’elle représente. “On a créé un Appel à Manifestation d’intérêt. Ce qui est important aujourd’hui à travers ce type de projet, c’est de répondre à la demande de nos populations pour qu’elles restent sur le territoire. Ce sera un lieu de vie assez innovant, imaginaire et qui servira aussi à insérer des personnes en difficulté.”
Le montant global du projet s’élève à 8,2 millions d’euros dont 7,6 millions d’euros de travaux avec 3 millions d’euros de subventions. Les travaux déjà engagés devraient durer une bonne année avec une livraison prévue au printemps 2026.