Une stèle à leur mémoire est installée au Pont de la Roche. Un nouvel hommage a été rendu ce 24 août aux deux hommes morts le jour de la Libération. Leur stèle devrait faire l’objet d’une rénovation.
Pour rien au monde, les descendants de ces deux victimes - dont les membres de la famille Burgunder - ne manqueraient la cérémonie d’hommage que le Souvenir français et la commune de Grand’Combe-Châteleu (et cette année toute la communauté de communes) rendent à Jean Mairot et Louis Fraichot, deux maquisards qui, le 24 août 1944, ont tenté de barrer la route aux Allemands encore en poste dans le Val de Morteau. Sans le savoir, ils participaient à la Libération de cette partie du Haut-Doubs.
Le récit, c’est le président local du Souvenir français, Jean-Michel Blanchot, qui le raconte : “Le mercredi 23 août 1944 au soir, les maquisards du secteur ‘Doubs Frontière’ recueillent des informations leur signalant que les Allemands, basés à Morteau, doivent se mettre en mouvement en direction de Pontarlier, pour renforcer la sécurité de cette ville. Ils apprennent également, par la B.B.C., que la Libération de Paris est en cours. Dans l’euphorie générale, il est décidé d’organiser des expéditions dans les villages voisins, pour faire sentir à la population la présence de la résistance. Dans chaque village, les résistants tirent une salve aux Monuments aux Morts, font carillonner les cloches. Cette joie que les résistants savourent constitue probablement le déclic qui favorise la décision d’attaquer, dans l’après-midi, ‘la kommandantur’, qui a pris place dans la Villa Bougaud, à la sortie de Morteau, en direction de Villers-le-Lac,” décrit M. Blanchot.
Le combat s’engage. L’affrontement se poursuit jusqu’à ce que le Major Hoffmann, commandant la garnison allemande, s’effondre, grièvement blessé (il décédera un peu plus tard à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds). Les trente-sept Allemands se constituent alors prisonniers et sont transférés à l’Hôtel de Ville de Morteau.
“Vers 17 heures, la situation se décante et il est décidé de se rendre à Villers-le-Lac pour porter main-forte aux résistants locaux afin d’encercler la douane des Pargots,” poursuit M. Blanchot, également professeur d’histoire-géographie au lycée Edgar-Faure de Morteau. Il reste à négocier la reddition de la garnison du Col-des-Roches et du sanatorium, qui se fera sans coup férir.”
Grâce à l’action des résistants, le 24 août au soir, le secteur est entièrement libéré, et ce malgré l’interdiction formelle de leurs supérieurs d’accrocher les troupes ennemies, conscients des risques qu’une telle action pouvait faire encourir à la population.
C’est à ce moment-là que se déroule un violent accrochage entre un groupe de résistants et une colonne allemande revenant de Pontarlier en direction de Morteau. Jean Mairot, 26 ans, est tué sur le coup. Louis Fraichot, 61 ans, son fils Henri et Camille Faivre, sont grièvement blessés. La colonne allemande poursuit son chemin à Morteau avec quatre prisonniers, avant d’être arrêtée par un groupe de maquisards.
“Jean Mairot et quelques autres résistants F.F.I. avaient tenté d’établir en hâte un barrage en abattant des arbres en bordure de la route. Malheureusement, ils n’ont pas eu le temps de se mettre à l’abri avant l’arrivée des premiers soldats ennemis. Ceux-ci ouvrent immédiatement le feu. En revenant sur ses pas, la colonne achève d’une rafale Louis Fraichot,” reprend Jean-Michel Blanchot.
Au final, la Libération de Morteau et de Villers-le-Lac se solde par quatre blessés allemands, dont deux mortellement. Côté résistants, on déplore deux morts et cinq blessés. Et le 24 août au soir, le secteur ‘Doubs Frontière’ est entièrement libéré grâce à l’action des résistants, après une attaque surprise contre la Kommandantur à Morteau et la reddition de la garnison allemande cantonnée au sanatorium à Villers.
La stèle installée au niveau du Pont de la Roche, là où les deux habitants du Beugnon ont trouvé la mort, fait chaque année l’objet d’une commémoration le 24 août, comme ce fut le cas cette année encore. Le Souvenir français souhaiterait donner un nouveau lustre à ce lieu de mémoire. Si ‘rien n’a encore été décidé’, note Christelle Vuillemin, la maire de Grand’Combe, ‘il s’agirait d’ici quelques années et en fonction des financements possibles, d’embellir cette stèle et son périmètre,’ espère le président du Souvenir français. Pour continuer à perpétuer la mémoire de ce fait d’armes emblématique de la Libération du Val de Morteau.