Toujours engagé dans la préservation des affleurements calcaires, le collectif “Pour la préservation des paysages jurassiens” souhaite que le projet d’arrêté préfectoral réglementant les interventions sur les affleurements rocheux aboutisse enfin.
Juste avant l’arrivée du loup qui fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre, le casse-cailloux était au cœur des débats entre les agriculteurs et les défenseurs de la nature. Pour mémoire, tout est parti d’une vidéo montrant, en mai 2017, un tracteur équipé d’un casse-cailloux réduire en miettes un communal de 4 hectares situé en zone Natura 2000 dans le Haut-Doubs. Ce document avait suscité un large mouvement de protestation qui avait abouti, en novembre 2017, à la création du collectif “Pour la préservation des paysages du massif jurassien”. Ce collectif est composé de sept associations : Murs et murgers, Terrasses des collines bisontines, Les Gazouillis du plateau, Fleurs de terre, collectif Loue-Lison, France Nature Environnement, Association de Protection de la Vallée du Drugeon.
De réunions publiques en tables rondes avec les autorités et les instances agricoles, le collectif a d’abord voulu instaurer une prise de conscience en vue d’aboutir à une réglementation qui protégerait ces affleurements calcaires caractéristiques des paysages jurassiens. Cette action militante a pris une forme plus concrète quand l’Union Européenne a décrété que les affleurements rocheux, biotopes abritant une grande diversité floristique et faunistique qui leur est inféodée, sont des habitats d’intérêt communautaire prioritaire. Arrêté en décembre 2018, ce décret donne aux préfets les moyens réglementaires pour empêcher la destruction des affleurements rocheux.
La prise d’un arrêté supposait d’identifier et de recenser les affleurements, travail toujours en cours de réalisation par les membres du collectif. “On travaille en partenariat avec le Conservatoire des Espaces Naturels qui nous a fourni des images aériennes identifiant les zones d’affleurement à protéger. Les membres du collectif s’organisent ensuite pour vérifier les informations sur le terrain. Cela prend du temps. Au printemps 2023, on a lancé la cartographie sur le secteur du Haut-Doubs horloger en partant du plateau de Maîche-Le Russey. La campagne devrait reprendre en direction du Saugeais”, explique Noël Jeannot, membre du collectif qui coordonne cet inventaire.
Le projet d’arrêté a été plus ou moins mis en stand-by. “En mai dernier, on a rencontré Rémi Bastille, le préfet du Doubs, pour faire le point. Il nous a indiqué qu’il attendait que les élections dans les chambres d’agriculture soient terminées pour reprendre ce dossier. Aujourd’hui, la procédure mise en place consiste à faire une déclaration de travaux avant chaque intervention. Cette démarche est, selon le préfet, plutôt bien respectée. Celui qui y dérogerait ne serait pas sanctionné. Au lendemain de cette rencontre, on nous a signalé un cas de destruction d’affleurement du côté de Grand’Combe-des-Bois. On a transmis toutes les preuves à la préfecture pour montrer que le problème est encore loin d’être réglé”, indique Sylvie Pierrot du Collectif “Pour les paysages du massif jurassien”.
Après avoir atteint un pic à 250 signalements en 2020 lors du confinement Covid, les dégradations sur les affleurements sont en très nette diminution. Pas de quoi décourager les membres du Collectif qui comptent bien se mobiliser après les élections dans les chambres d’agriculture. “On voudrait réunir à nouveau toutes les parties concernées pour finaliser cet arrêté de protection des habitats. C’est une façon de valoriser les efforts de chacun sur un dossier sensible où l’on était parvenu à s’entendre en privilégiant la concertation plutôt que la confrontation. D’autres associations comme la L.P.O. manifestent aussi leur impatience et sont prêtes à se mobiliser pour faire valoir les intérêts de l’environnement sur ces questions”, rappelle Guy Pourchet, autre membre du collectif.