La deuxième affaire portée devant la cour du tribunal correctionnel ce vendredi 29 novembre relate un sordide cas de maltraitance animale. Quatre poneys, laissés à l’abandon, pataugeaient dans des excréments et mouraient de faim.
Ils étaient connus pour avoir promené des générations d’enfants dans le parc Micaud à Besançon. Les poneys de Micaud, comme il était coutume de les appeler, ont connu un sort peu enviable ces derniers mois. En mars dernier, à la suite d’un signalement à la S.P.A. de la maire d’Ouvans sur des chiens affamés errants dans le village, l’association découvre dans cette ferme un spectacle abominable. Quatre équidés pataugeaient dans plusieurs centimètres d’excréments et témoignaient d’une extrême maigreur. Trois autres poneys n’ont pas survécu, leurs restes disséminés sur le terrain par des chiens, affamés eux aussi.
Ce jour, au tribunal, c’est donc le gardien de ces animaux, à la ferme, et la propriétaire des animaux qui étaient jugés. En premier lieu, le renvoi demandé par la prévenue, au titre que son avocate ne pouvait être présente, a été rejeté. La prévenue déroule ensuite un récit où la misère, financière, sociale, affective, n’est jamais loin. Des embrouilles avec son ex-belle famille, l’incapacité qu’elle a de garder ses animaux pour son activité de mini-ferme, ses poneys qu’elle ne peut pas tous les garder dans sa pâture, des personnes malveillantes, selon elle, coupaient sa clôture pour qu’ils s’échappent. Alors la prévenue conclut un accord sans contrepartie avec celui qui deviendra le gardien de ces poneys dans sa ferme.
“Pourquoi ne pas les vendre ?”, interroge le président De Lauriston. “J’ai essayé, personne n’en a voulu, ce sont des animaux d’une dizaine d’années qui n'intéressaient personne. J’ai fait confiance à A., je lui ai demandé de m’aider, il a volontiers accepté, je n’aurais pas dû.”
Le président relève : “Vous dites que vous aimez vos animaux, mais vous n’allez pas les voir pendant plusieurs mois, je m’interroge.” “Je n’ai pas de voiture, pas d’argent, j’ai trois enfants à charge, je vais aux Restos du Cœur pour me nourrir, c’est difficile pour moi”, répond-elle des sanglots dans la voix. “Mes animaux, c’était toute ma vie, j’ai dû tout abandonner.”
De son côté, le deuxième prévenu, dans un baragouinement souvent inaudible, tente de justifier le manque de soins, lui qui n’habitait pas sur place. “Je passais donner à manger, mais pas suffisamment apparemment. C’est dramatique d’en arriver là.” Pour son avocat Maître Bonnot, son client “s’est complètement fait avoir.”
Cette indifférence à la souffrance animale indigne les cinq associations de protection animale, portées parties civiles (S.P.A., Canima, Fondation Brigitte Bardot, Association Stéphane Lamart et la Fondation 30 millions d’amis). L’avocate de la Fondation 30 millions d’amis souligne que “la situation de fragilité sociale n’excuse pas les maltraitances sur animaux, ce sont des comportements insouciants et irresponsables.” Le conseil de la S.P.A. va même plus loin et souhaite que les prévenus aient une interdiction à vie de détenir des animaux et d’exercer une profession en lien avec les animaux. Demandes auxquelles ne peut répondre le procureur Maillard-Salin : “J’entends les demandes des parties civiles mais je ne peux pas, au regard de la loi, requérir des peines complémentaires.” Il poursuit : “Ces animaux étaient clairement à l’article de la mort ou déjà morts, dans un état de dénutrition tel que le corps s’autoconsomme, comme s’il se mangeait lui-même”, précise-t-il pour marquer les esprits.
Le ministère public requiert, au vu de la gravité des faits et des ressources des prévenus, des peines d’amendes différenciées : 2 900 euros pour le gardien, technicien de maintenance justifiant d’un salaire, 1 915 euros pour la propriétaire au R.S.A. qui a à charge trois enfants. Le verdict sera rendu le 20 décembre.
Épilogue de ce désastre en matière de protection animale : les quatre poneys survivants ont été confiés à l’association Canima.