Que va-t-il advenir de l’offre muséographique pendant la durée des travaux et de mise en place de la future cité des horlogers ? Pour y répondre, cap sur l’ancien musée de la montre à Villers-le-lac rebaptisée l’Ébauche le temps d’assurer la transition
Entre Villers et l’horlogerie, c’est une longue histoire. “On dénombrait encore 32 entreprises horlogères en 1964 et à l’arrivée du quartz, près de 1 000 salariés de Villers ont perdu leur emploi”, rappelle Patrice Mollier en ouvrant l’accès de l’ancien musée de la montre situé au rez-de-chaussée d’un bâtiment où l’on fabriquait aussi des montres Herma.
Inauguré en 1992, ce musée était organisé autour des plus belles pièces de la collection d’Yves Droz. Ce fonds muséographique a été racheté il y a dix ans par la communauté de communes du Val de Morteau. “Les musées de l’horlogerie et de la montre sont fermés depuis le 31 décembre suite à la dissolution de l’association des traditions horlogères du Haut-Doubs en charge des deux structures”, rappelle son président Pierre Vaufrey souriant à l’idée d’avoir dissous la structure que son père Constant avait créée en 1984. Un geste que le fondateur du musée de l’horlogerie approuverait sans doute car il préfigure la prolongation d’une belle aventure.
La fermeture des deux musées s’imposait dans le cadre du transfert des collections à la com’com du Val de Morteau qui coordonne maintenant la création de la future Cité des horlogers. “On ne pouvait pas rester trois ans, le temps des travaux, sans proposer une offre horlogère sur le Val de Morteau. D’autant plus qu’il faut tout faire pour maintenir le lien avec la clientèle des autocaristes”, estime Pierre Vaufrey. Un sentiment partagé par Valérie Lamanthe, la directrice générale des services de la com’com impliquée également dans le pilotage de ce projet communautaire.
“La commune de Villers a accepté de mettre à disposition les locaux du musée de la montre. On n’y engagera pas de gros travaux. Il abritera les plus belles pièces de chaque musée et on y aménagera aussi un espace de préfiguration consacré à l’avancement des travaux au château Pertusier.”
Ce nouvel espace muséographique temporaire s’appellera l’Ébauche. Il conserve son agencement historique avec le souci de montrer ce qui faisait sa renommée. À commencer par la fameuse allée relatant l’histoire de l’horlogerie à travers la présentation de pièces anciennes dont certaines sont uniques au monde. “Si l’horlogerie s’est implantée dans le Haut-Doubs, c’est suite à la révocation de l’Édit de Nantes qui a poussé les horlogers à se regrouper dans la région de Genève avant de diffuser leur art dans la montagne jurassienne. Certaines pièces remontent au XVIème siècle”, note Patrice Mollier.
La visite se veut historique, technique, émaillée d’anecdotes. Elle montre la technicité et l’inventivité des horlogers. Les collections du musée de Morteau ont pris aussi possession des lieux : horloges comtoises, outillage, machines viennent enrichir la visite. L’Ébauche se conjugue au passé mais aussi au présent. La preuve avec l’espace du lycée de Morteau où l’on forme les horlogers d’aujourd’hui et de demain. Toujours très appréciés, la pause vidéo et l’atelier de reconstitution des métiers de l’horlogerie. La pièce consacrée aux horloges, montres-bracelets et outils reste inchangée. L’occasion par exemple de découvrir l’histoire de la maison Lip, le plus petit mouvement au monde, l’arrivée du quartz…
L’ouverture de l’Ébauche au grand public est prévue début mai.