Très impliqué sur la question des mobilités transfrontalières, la F.N.A.U.T. (Fédération nationale des associations d’usagers des transports en commun), si elle se félicite des travaux engagés pour conforter la ligne des Horlogers estime néanmoins qu’il faudrait plus développer le cadencement pour encourager les frontaliers à circuler davantage en train. Entretien avec Patrick Noblet, vice-président de la F.N.A.U.T. Bourgogne-Franche-Comté.

C'est à dire : Ces travaux sont-ils une bonne chose ?
Patrick Noblet :
On est sur une ligne de montagne à voie unique avec une exploitation compliquée. Il était nécessaire d’intervenir en faisant des travaux. Plus de 100 millions d’euros ont été injectés en deux phases. La ligne est sauvée au niveau de l’infrastructure, même s’il faut encore engager une troisième phase pour vraiment la pérenniser. Cette dernière opération n’est pas encore programmée.

“On se heurte toujours à la Région”, déplore Patrick Noblet, vice-président de la F.N.A.U.T. Bourgogne-Franche-Comté.

Càd : Quelle est la position de la F.N.A.U.T. sur cette ligne ?
P.N. :
Travaux ou pas, le problème des dessertes se pose toujours. On ne connaît pas encore la grille horaire pour l’année 2025, mais on suppose qu’il n’y aura pas d’amélioration.

Càd : La fréquentation sur l’ensemble de la ligne est loin d’être homogène ?
P.N. :
Tout à fait. On distingue trois niveaux d’utilisation entre Besançon et Valdahon, entre Besançon et Morteau, et entre Morteau-Le Locle-La Chaux-de-Fonds. Pour chaque niveau, on estime que l’offre proposée ne correspond pas aux besoins. Entre Morteau et La Chaux-de-Fonds, il serait souhaitable d’avoir un cadencement toutes les 30 minutes en sachant aussi la difficulté de s’insérer sur les réseaux suisses déjà bien remplis.

Càd : Qu’est-ce qui vous dérange dans la position de la Région ?
P.N. :
Michel Neugnot, le vice-président de la Région en charge des transports, estime qu’il y a peu de demande sur cette ligne, et on lui rétorque que la demande est suscitée par l’offre. Les Suisses raisonnent différemment : ils adaptent l’offre au potentiel de la demande. Il n’y a pas de volonté politique de la Région et de son vice-président de favoriser les déplacements des frontaliers par le train. Cela se vérifie aussi sur les autres lignes transfrontalières.

Càd : Le train pour soulager les axes routiers ?
P.N. :
10 000 véhicules passent chaque jour au Col des Roches. À Vallorbe, on n’ose même plus en parler. C’est révélateur de l’intensité du trafic transfrontalier. Il faudrait mettre en correspondance le potentiel et le matériel. En lisant ces chiffres, on se dit qu’il y a vraiment une possibilité de transfert modal des frontaliers de la route vers le rail sous réserve de mettre assez de trains avec des horaires et des correspondances adéquats. La F.N.A.U.T. envisage de se rapprocher des frontaliers sur le secteur de Pontarlier pour faire des actions.

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Càd : Vous semblez très inquiet pour les autres lignes transfrontalières…
P.N. :
Entre Frasne et Les Verrières, il y a aussi des travaux à faire. Comme la Région refuse d’intervenir, cette ligne pourrait être menacée de fermeture. La ligne des Hirondelles du côté de Saint-Claude est, elle aussi, pratiquement condamnée car il faudrait investir entre 60 et 100 millions d’euros. La F.N.A.U.T. demande que cette ligne historique soit inscrite au patrimoine de l’Unesco.

Càd : La F.N.A.U.T. est-elle la seule à réclamer une desserte plus soutenue sur la ligne des Horlogers ?
P.N. :
Cette demande avait déjà fait l’objet en 2021 d’une résolution signée par les six territoires directement situés sur la ligne, à savoir : Grand Besançon, Loue-Lison, Portes du Haut-Doubs, Val de Morteau et, côté suisse, les villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds. Cette résolution mettait déjà l’accent sur trois points : l’adaptation de la desserte, la communication à destination des usagers, et la complémentarité de la ligne des Horlogers avec les autres offres régionales et avec les dessertes locales assurées dans les territoires signataires.


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