La ligne fête cette année ses 140 ans d’existence. Plusieurs fois remise en cause, son existence est bel et bien réaffirmée avec les travaux engagés cette année encore. L’histoire d’une survivante
Combien de lignes de campagne ont définitivement fermé lors des décennies précédentes ! Concurrencée par les voitures et les camions, le chemin de fer a longtemps décliné, avant de retrouver ses lettres de noblesse, grâce aux lignes à grande vitesse et aujourd’hui aux tentatives de trouver des alternatives à la voiture, y compris sur les petites lignes autrefois menacées.
Cette ligne, imaginée dès le début des années 1860, devait au départ être construite par l’État, le projet ayant été déclaré d’utilité publique par un décret impérial le 19 juin 1868 (on est alors sous Napoléon III). Mais grâce à une loi du 23 mars 1874 autorisant l’adjudication de la ligne, celle-ci est concédée à la Compagnie Vilvert, propriété de Constantin et Aglantier, le 14 septembre 1874. Mais cette compagnie a accumulé les retards quasiment dès le démarrage du chantier en août 1876. En 1878, la compagnie traversant ses premières difficultés financières abandonne les travaux dès juin de la même année.
La ligne est alors rachetée par l’État, afin de poursuivre les travaux, selon les termes d’une convention signée en mars 1879, entre le ministre des Travaux publics et la Compagnie du chemin de fer direct de Besançon à la frontière suisse par Morteau. Le raccordement entre les réseaux de chemins de fer français et suisse au Locle est réglé par une convention entre les deux États signée le 14 juin 1881. Cette convention est approuvée en France par une loi du 11 juin 1882. Et finalement, la ligne Besançon-Le Locle est concédée à titre définitif à la célèbre Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, la fameuse P.L.M., ancêtre de la S.N.C.F., par une convention signée entre le ministre des Travaux publics et la compagnie le 26 mai 1883.
La ligne sera inaugurée le 4 août 1884, il y a 140 ans. La ligne des Horlogers est aujourd’hui une des rares survivantes de la quarantaine d’anciennes lignes de chemin de fer qui coexistaient sur le territoire de Franche-Comté. Pour n’en citer que quelques-unes de ces voies disparues, on peut évoquer la ligne qui reliait Saint-Hippolyte à Voujeaucourt, ou encore le chemin de fer de Morteau à Trévillers ou celui de Besançon à Pontarlier, ces deux derniers en voie métrique.
C’est la régionalisation qui sauvera la desserte voyageurs sur la ligne Besançon-Le Locle, qui réussit à échapper de justesse aux vagues de démantèlement du réseau régional. Pérennisée au début des années 2000, la ligne bénéficia d’une amélioration du service avec 42 % d’offre supplémentaire de 2002 à 2008 et à la clé un quasi-doublement de la fréquentation.