Loin des 300 tracteurs rassemblés au rond-point d’Étalans, la Confédération Paysanne du Doubs et du Territoire de Belfort s’était donné rendez-vous le 31 janvier dernier à Valdahon pour organiser un marché paysan convivial et revendicatif.
Si la Conf’ dénonce elle aussi les méfaits du libre-échange et de certaines normes qui n’ont aucun fondement avec la réalité, le syndicat est loin de partager la vision de l’agriculture de demain de la F.D.S.E.A. Ces divergences expliquent sans doute pourquoi elle a opté pour une mobilisation au plus près de la population plutôt que de montrer ses muscles. “On a atteint notre objectif aujourd’hui. Une dizaine de producteurs s’étaient déplacés. On a rencontré énormément de monde. Les gens qui sont venus ont rencontré des paysans et des paysannes”, explique Laurence Lyonnais, la porte-parole de la Confédération Paysanne du Doubs et du Territoire-de-Belfort.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que ce syndicat dénonce les trop bas revenus de certains et propose des solutions pour y remédier. “Il faut faire le choix d’un modèle agricole et alimentaire qui protège les ressources, à l’exemple de ce qui se fait concrètement dans l’A.O.P. comté.” Sur les mesures annoncées par le gouvernement, là aussi les points de vue divergent. “Il s’agit avant tout d’annonces qui ne vont pas dans le sens d’un modèle agricole vertueux, où les citoyens ont leur mot à dire.”
Pierre Rouillon, paysan-boulanger, confirme. “Sur la question de l’accès à la terre, il n’y a pas une ligne au budget pour les agriculteurs qui voudraient se passer de produits phytosanitaires.” Medhi Meslob, paysan polyvalent qui élève notamment des porcs en plein air, dresse sensiblement le même constat. “Cette crise agricole n’est que l’aboutissement d’une politique menée depuis plus de 60 ans, initiée par la cogérance du syndicat agricole majoritaire avec les gouvernements successifs. Il va falloir m’expliquer comment en arrachant une haie, on peut augmenter le revenu. On se bat aussi contre certaines normes. Avec mon élevage de porcs en plein air, je suis obligé d’avoir des doubles clôtures pour éviter tout contact avec des sangliers. Mais si jamais ces animaux entrent en contact, je devrais éliminer les porcs pour éviter tout risque de contamination !”
Au terme de cette journée, tous étaient satisfaits d’avoir pu échanger avec la population en toute convivialité.