Illustration dans une des cinq coopératives fromagères du Val de Morteau, Les Fins Comté, où 50 sociétaires ont voix au chapitre. Ici comme dans toutes les coops, un homme égale une voix.

Née en 1996 de la fusion de deux coopératives de la commune - les Frenelots et les Deux montagnes réunies -, ayant également fusionné en 2010 avec celle de Longemaison, la coopérative Les Fins Comté regroupe aujourd’hui 50 sociétaires pour 33 exploitations réparties dans 9 communes, dans un rayon maximal de 25 km autour des Fins. La fruitière est installée depuis 2008 dans un bâtiment ultra-moderne à la sortie de la commune, direction Maîche. En 2014, forts du succès du comté, les sociétaires décidaient d’agrandir les caves de stockage. En 2018, c’est une bonne partie du matériel de fabrication qui a été changé. En 2020, l’atelier était agrandi et enfin, en 2023, des travaux d’extension des caves ont été entrepris. “Ce dernier chantier est en cours de finition”, note Fabrice Vieille, le président des Fins Comté qui travaille avec deux affineurs : Rivoire-Jacquemin à hauteur de 70 % des comtés fabriqués ici, Badoz pour 20 %, le reste étant affiné et vendu sur place. Les prochains investissements devraient concerner la pose de panneaux photovoltaïques sur le toit de la fromagerie, et sans doute, à moyen terme, la construction de sa propre station d’épuration.

Vincent Faivre, le maître-fromager de la coopérative, avec Bruno Billod-Laillet, un des sociétaires, et Fabrice Vieille, le président.

Chaque année, les sociétaires apportent à la coopérative 8,8 millions de litres de lait. La grande majorité, 7,5 millions, est transformée en comté, le reste sert à la fabrication du mont d’or et du morbier, autres fleurons locaux.

Le système coopératif se manifeste à plusieurs niveaux. Dans l’organisation de la coopérative d’abord où il y a autant de voix que de sociétaires, c’est-à-dire 50, et “celui qui apporte plus de lait qu’un autre n’a pas plus de voix”, précise le président. Le conseil d’administration lui-même comprend plus de la moitié des 33 exploitations avec 19 sociétaires.

L’esprit coopératif préside aussi à la conduite économique de la fruitière. Quand les résultats le permettent, la coop octroie une ristourne au prorata des contributions en lait de chaque sociétaire. Les bénéfices de la vente des fromages aux affineurs ou de la vente au magasin servent à rémunérer les quatre personnes à l’atelier, le maître-fromager et ses collaborateurs. Et le reste est investi dans les projets de modernisation, toujours en proportion de l’apport de chaque producteur en matière première.

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Le prix du lait varie de quelques euros selon la qualité du lait livré et se situe actuellement à environ 680 euros la tonne. Il est directement dépendant des négociations avec les affineurs. Pour garder le mieux possible cet esprit coopératif, celui qui veut changer d’atelier repart seulement avec 40 % de ses plaques vertes, les droits à produire du comté. Ce système pousse à la stabilité, ajoute Bruno Billod-Laillet, un des sociétaires, ancien président de cette fruitière.

Au final, chacun se rémunère correctement. Cela n’empêche pas les sociétaires de la coopérative des Fins de partager eux aussi les revendications actuelles de la profession agricole. Un comté vendu en direct au magasin des Fins Comté se trouve à moins de 15 euros le kg. Dans certains magasins des régions voisines comme l’Alsace par exemple, il n’est pas rare de le trouver à près de 35 euros le kg. “Qui empoche la différence ?” se demandent les sociétaires des Fins Comté, dénonçant, eux aussi, une très mauvaise application de la loi Égalim censée rétribuer à sa juste valeur tous les producteurs.


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