Le nombre de permis de construire et de démarrage de chantiers est au plus bas depuis deux ans. Au coeur de cette crise, c’est le marché de la maison individuelle qui souffre le plus. Cette difficile conjoncture se répercute logiquement sur toute la filière, jusqu’aux vendeurs de matériaux. Les banques, elles, commencent à desserrer l’étau. Dans ce contexte compliqué, il semble toutefois que les tout premiers signes d’une reprise commencent à se faire sentir. Le journal C’est à dire fait le tour du propriétaire, pour ce dossier spécial immobilier.
La chute vertigineuse du nombre de permis de construire
Sur le plan national comme régional, la dégringolade du nombre d’autorisations de travaux a plombé le marché de la construction
En un an, entre le milieu de l’année 2023 et l’été 2024, le nombre d’autorisations de travaux s’est établi en France à 348 000 logements, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique. Ce nombre a chuté de 15 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre son seuil le plus bas depuis une dizaine d’années. La baisse est nettement plus marquée dans le secteur de la maison individuelle que du collectif, où elle atteint près de 25 % par rapport à l’année précédente (81 000 autorisations seulement).
Après celle des permis de construire, c’est la baisse du nombre de mises en chantier qui continue à inquiéter la profession. 273 000 chantiers ont démarré en France entre mi-2023 et mi-2024, ce qui représente une dégringolade de près de 22 %. Ces chiffres alertent à ce point la Fédération française du bâtiment qu’elle a récemment annoncé un risque de voir 150 000 emplois supprimés d’ici l’année prochaine.
À l’échelle de la région, et du département du Doubs plus précisément, les chiffres donnent également le vertige. Selon la D.R.E.A.L., le nombre de logements commencés dans le Doubs est passé de 3 766 en 2010 à tout juste 2 059 en 2023, soit une chute de 45,33 % en moins de 15 ans.
“En matière de construction, il y a trois indicateurs significatifs : le nombre de permis de construire obtenus, le nombre de mises en chantier, et le nombre de ventes de logements. Pour la première fois depuis bien longtemps, ces trois indicateurs sont en baisse. C’est une situation qui peut s’avérer dangereuse car le jour où le marché reprendra, on n’aura quasiment plus de biens à la vente” analyse Fabrice Jeannot, président régional de la Fédération des promoteurs immobiliers (F.P.I.).
Cette situation délicate dure depuis près de deux ans. “De manière pérenne comme ça depuis deux ans, c’est la première fois que je vois ça”, ajoute M. Jeannot, du haut de sa longue expérience dans l’immobilier régional. Le résultat de cette dégringolade du nombre de constructions, c’est aussi la très forte pression sur le marché locatif avec une vacance en dessous des 4 %, donc une forte pénurie et “des listes d’attente de plus de 100 personnes pour certains programmes”, témoigne ce gestionnaire de la place.
Les professionnels de l’immobilier qui espèrent tous un déblocage de la situation annoncent cependant une inévitable inertie entre le redémarrage espéré du nombre de permis de construire accordés et les mises en chantier effectives, avec entre un et deux ans de remise en route. Autre interrogation des professionnels : “Le jour où le marché redémarre, aura-t-on encore un outil de production suffisamment opérationnel ?” se demande Fabrice Jeannot.