Depuis quelques années, l’activité des bateliers qui naviguent dans les bassins du Doubs se complique avec la récurrence des sécheresses obligeant à déplacer les points d’embarquement en fonction du niveau d’eau. L’impact économique est loin d’être négligeable.

Le manque d’eau, comme le manque de neige pour les professionnels du ski, pénalise les compagnies de navigation fluviale.

“C’est un gros problème. Chaque été depuis quatre ou cinq ans, on manque d’eau. On est contraint de décaler les points d’embarquement et tout devient plus compliqué pour nous, pour les employés, pour les clients. On a mis en place trois autres départs à l’entrée du lac des Brenets, au début des gorges, ou carrément depuis la base du Saut du Doubs quand le niveau est au plus bas. Cela sous-tend d’acheminer les clients avec une vraie logistique et des charges de transport supplémentaires” explique Antoine Michel, associé aujourd’hui avec sa sœur Muriel à la tête du Chantier naval franco-suisse et ses Vedettes panoramiques du Saut du Doubs.

Les sécheresses à répétition contraignent les bateliers à mettre en place différents embarcadères en fonction du niveau d’eau.

L’activité croisière est fortement impactée par les sécheresses estivales. “Cela peut varier du simple au double par rapport à une année normale.” Les bateliers qui naviguent dans les bassins du Doubs subissent également les contrecoups de la médiatisation du Saut du Doubs quand celui-ci est à sec. “Les touristes viennent moins quand ils savent que la cascade ne coule plus alors que la navigation dans les bassins offre des vues spectaculaires. C’est grandiose. La baisse du niveau d’eau révèle aussi des rochers, des figures minérales splendides.” Antoine Michel regrette que la communication touristique focalise sans doute trop sur le Saut du Doubs en négligeant la beauté des bassins.

Les Vedettes panoramiques du Saut du Doubs, ce sont deux bateaux à propulsion hybride et électro-solaire. En haute saison touristique, quatre à cinq personnes sont mobilisées sur l’activité croisière. “Quand la sécheresse arrive, l’effectif tombe à deux. On doute de la pérennité du site si rien n’est fait en amont de Villers-le-Lac pour assurer un minimum de débit dans le Doubs. Les fortes précipitations de l’hiver 2018 ont raboté le fond de la rivière et mis à jour de nouvelles brèches vers Maisons-du-Bois. Il y a aussi de plus en plus de captations entre Mouthe et Pontarlier, sans oublier bien sûr les fuites qui ont toujours été observées dans les bassins du Doubs. Tout cela accumulé, on arrive à perdre 23 cm de niveau d’eau par jour dans les bassins en pleine sécheresse alors qu’on était à 15 cm d’abaissement journalier avant 2018.”

Le Chantier naval franco-suisse est aussi spécialisé dans la fabrication de bateaux de navigation. Une activité complémentaire indispensable pour assurer l’équilibre financier de l’entreprise. “Aujourd’hui, la construction comble seulement les pertes de l’activité excursions. On pensait naviguer davantage en hiver mais la clientèle se fait rare à cette époque. On s’est développé en installant d’autres bateaux sur un nouveau site à Gray.”

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Le co-gérant du Chantier naval franco-suisse déplore également la récurrence des travaux à l’entrée de Villers qui ne facilite pas l’accès à la base des Vedettes panoramiques du Saut du Doubs. “Depuis cinq ans, on déguste pas mal. Pour autant, on y croit encore. On aime ce que l’on fait et on prend toujours autant de plaisir à faire découvrir notre belle région.” Quand les conditions sont propices, la demande est toujours au rendez-vous. “En avril, on a fait une quinzaine de réservations de groupes, contre cinq habituellement. Il ne faut jamais négliger le début de saison même si c’est loin de compenser tout ce que l’on perd en juillet-août.”

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“On s’adapte sans souci” La Compagnie Droz-Bartholet à Villers-le-Lac.

printemps pluvieux s’avère particulièrement propice au lancement de la saison des croisières dans les bassins du Doubs (photo Bateaux du Saut du Doubs).

Le moral est au beau fixe à la compagnie Droz-Bartholet qui fait naviguer quatre bateaux de croisière entre Villers-le-Lac et le débarcadère du Saut du Doubs. “On s’adapte sans souci aux variations du niveau d’eau en déplaçant les points d’embarquement. Ce qui nous cause le plus de tort, c’est toute la communication autour des sécheresses qui peut décourager certains de venir”, explique Tiffany Droz-Bartholet qui a repris les rênes de l’entreprise familiale en novembre 2020.

La saison des croisières débute dans des conditions très favorables : les bassins sont pleins, le Saut du Doubs est majestueux et le planning des réservations se remplit à un bon rythme. “On a pratiquement finalisé notre recrutement. Il reste quelques postes à pourvoir. On a la chance de travailler avec des capitaines qui nous sont fidèles depuis très longtemps”, apprécie la jeune gérante.


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