Scientifiques, élus et décideurs locaux se sont réunis à La Chenalotte à la fin de l’été pour échanger sur l’avenir de la ressource en eau dans notre territoire dans ce contexte de réchauffement.

Une journée pour parler de sciences mais aussi de nos réalités de terrain. En France, le massif jurassien est l’endroit où le changement climatique a le plus d’impact. « En tant que scientifiques, nous mettons en avant les faits uniquement ! » prévient d’emblée Daniel Gilbert, directeur de la “Zone Atelier Arc Jurassien”.

Il est impossible de parler d’eau sans parler de climat. Les activités humaines le modifient drastiquement depuis un siècle. La production de dioxyde de carbone (CO2), de méthane et de protoxyde d’azote (entre autres) a plus que doublé depuis 1960. « Il y a désormais un consensus scientifique à 100 % établissant que réchauffement et changement climatique en sont les conséquences », assène le chercheur. Ce phénomène se poursuivra au moins jusqu’en 2050. « L’objectif d’augmentation de 1,5 °C de Paris est une escroquerie, ce chiffre a déjà été atteint en 2024 », poursuit-il.

La tourbière “Sur Les Seignes” à Frambouhans, zone humide essentielle restaurée dans sa fonction naturelle originelle (photo Mairie de Frambouhans).

La modification du cycle de l’eau est une des conséquences les plus visibles. Sécheresse et inondations sont les deux faces d’un même problème ! On distingue deux types d’eau. “L’eau verte” (95 % de la ressource) est celle contenue dans les sols, les zones humides et la biomasse (arbres, plantes et animaux). “L’eau bleue” est celle que l’on peut voir dans les lacs et rivières. La nature est conçue pour garder l’eau afin qu’elle aille le plus lentement possible en Méditerranée. Or, l’humain a tout fait pour rectifier les cours d’eau et dégrader forêts, haies et milieux humides. La précieuse ressource va donc très vite à la mer, provoquant ici des inondations et là des phases de sécheresse à cause de son évaporation.

L’agriculture et la gestion forestière vont être profondément modifiées dans les prochaines années. Selon l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement), la production de fourrage va baisser progressivement entraînant à l’horizon 2050 une baisse du cheptel bovin entre 35 et 66 %. Le stress hydrique favorisant l’attaque des parasites va augmenter la mortalité des arbres. « Nous devons nous adapter et limiter ce réchauffement. Chaque gramme de carbone qui n’est pas émis, sauve nos enfants », alerte Daniel Gilbert.

Certains économistes plaident pour un investissement massif immédiat. Chaque euro investi au début du problème est efficace, car il faut toujours décider avec 10 ou 20 ans d’avance (exemple des replantations d’arbres). Or, fondamentalement, seule une minorité agissante de la population se sent concernée. Nos responsables politiques français et européens auront-ils le courage d’imposer une transition efficiente et urgente permettant de s’en sortir avec le moins de dégâts possibles ?

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