Outrance

Donald Trump, Vladimir Poutine, et on peut aisément y associer ici en France Jean-Luc Mélenchon : le paysage politique semble avoir définitivement basculé dans le monde des outrances, des provocations et de la violence. “Le regard moderne sait voir la gamme infinie des nuances” affirmait en son temps Guy de Maupassant pour souligner la capacité de certains - son héros du roman Le Horla en l’occurrence - à saisir les subtilités du monde qui nous entoure. C’était il y a près de 150 ans et cette apologie de la nuance semble bien périmée de nos jours. On cite Donald Trump dont l’art de la nuance consiste, comme il le faisait quand il était promoteur immobilier à New York à tenter d’étrangler son interlocuteur (ici les autres pays avec ses droits de douane délirants) pour mieux négocier ensuite un accord dont il sortira forcément gagnant. Sans encore se rendre compte que sa méthode nuira en premier lieu aux concitoyens qu’il dirige.

On évoque dans la même veine un Vladimir Poutine dont l’art de la nuance consiste cette fois à écraser un peuple voisin en tentant aujourd’hui de reprendre le plus de terrain possible pour pouvoir, quand bon lui semblera, négocier un accord de paix avec l’Ukraine qu’il aura entre-temps ruiné et qu’il compte bien tenter de reconquérir un jour. Si on associe Jean-Luc Mélenchon à ces deux maîtres du monde qui font vaciller la sécurité en imposant systématiquement les rapports de force à toute discussion, c’est que lui non plus - mais comme quelques autres sur l’échiquier politique français - serait bien inspiré d’apprendre à manier l’art de la nuance en politique. La dernière sortie de route de son parti concernant les caricatures visant clairement la communauté juive en France donne la nausée. Et dans ce contexte où la moindre réaction qu’on attend d’un chef est de battre sa coulpe devant un tel dérapage passible de sanctions pénales graves, M. Mélenchon ne trouve d’autres parades que l’attaque en règle de ceux qui tentent de lui faire prendre conscience de la dérive autoritaire dans laquelle il sombre, son parti avec. Et qu’on ne dise pas que sa formation n’appartient pas aux extrêmes car il en a désormais tous les attributs, le rejet de l’autre et le culte du chef en premier. Dans le contexte international comme dans le débat français, l’outrance ne fera jamais une bonne politique. L’époque imposerait plus que jamais le temps de la réflexion et du débat serein pour aborder avec sérieux les défis actuels. On en est loin...

Jean-François HAUSER
Directeur de la rédaction

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