Depuis le 1er janvier, France Travail a remplacé Pôle Emploi. Au-delà du changement de nom, quelles sont les nouvelles orientations du service public de l’emploi ? Les explications de Jean-François Locatelli, le directeur territorial de France Travail, originaire du Russey.
C’est à dire : Pôle Emploi est mort, vive France Travail ! À part le nom, qu’est-ce qui change ?
Jean-François Locatelli : Notre mission est toujours d’accompagner les demandeurs d’emploi et les entreprises qui cherchent à recruter. Mais l’objectif principal de ce changement, c’est l’évolution de notre mission que je résumerais en deux expressions : “Aller vers”, et “Dites-le-nous une fois”. Tout cela pour améliorer encore la coopération entre tous les acteurs de l’emploi pour atteindre l’objectif du plein-emploi d’ici 2027.
Càd : Que signifie plus précisément ce “aller vers” ?
J.-F.L. : Aujourd’hui, toutes les personnes à la recherche d’un emploi ne sont pas forcément inscrites à France Travail. Notamment une part des bénéficiaires du R.S.A., ou des personnes en situation de handicap, ou encore les jeunes de 16 à 25 ans parfois suivis par leur Mission locale. Notre objectif est donc de travailler avec tous les partenaires de l’emploi, également les services du Département, pour que chaque demandeur d’emploi ait un référent qui suive son parcours, avec une mise en commun des critères d’orientation. Nous voulons que toutes les situations soient désormais répertoriées, diagnostiquées et orientées encore plus finement.
Càd : Les allocataires du R.S.A. seront donc mieux suivis, voire surveillés ?
J.-F.L. : La finalité, quand on est au R.S.A., c’est bien de trouver du travail. Je considère que l’émancipation et la dignité passent essentiellement par le fait d’avoir un travail. Pour les allocataires du R.S.A., notre travail consistera, avec les services du Département, à faire passer ces demandeurs d’emploi d’étape en étape jusqu’à l’emploi, car c’est bien cela la finalité.
Càd : Mieux travailler avec les entreprises qui recherchent des candidats, c’est aussi l’objectif ?
J.-F.L. : On veut en effet mieux travailler ce lien avec les entreprises, c’est le second objectif principal de France Travail. On sait que 82 % des entreprises qui utilisent nos services sont satisfaites. Cela signifie qu’il reste 18 % des entreprises non satisfaites, mais aussi qu’il y a encore beaucoup d’entreprises qui ne font pas appel à nous, ou qui l’ont fait il y a bien longtemps et qui n’ont pas vraiment connaissance de tout ce qu’on peut leur apporter. On veut notamment aller plus loin vers les T.P.E. Et nous continuerons à renforcer nos liens avec les partenaires professionnels que sont les fédérations, les consulaires, les branches professionnelles. Pour toutes ces structures, France Travail a une offre de service adaptée. Il va falloir aussi que les entreprises soient plus enclines à ouvrir leurs portes, à proposer des immersions aux demandeurs d’emploi, à faire connaître leurs métiers. Et ensemble nous arriverons au plein-emploi.
Càd : Cet objectif est réaliste ?
J.-F.L. : On parle de plein-emploi ou de chômage frictionnel, à 5 %. Dans le Haut-Doubs, on est déjà à 4,3 % de taux de chômage. Dans le bassin de Besançon à 5,8 et dans le secteur de Montbéliard à 9,1. Il y a donc tout un travail à faire au plus près des territoires, en lien avec les collectivités locales, pour accompagner les demandeurs d’emploi et les entreprises qui recrutent. Organiser des forums de l’emploi ciblés en milieu rural, c’est par exemple une des orientations de France Travail.
Càd : La loi plein-emploi qui doit entrer en vigueur dans moins d’un an risque d’entraver les allocataires du R.S.A., avec cette obligation de travailler au moins 15 heures par semaine. Certaines associations parlent de travail forcé...
J.-F.L. : Il y a une expérimentation actuellement sur 19 territoires, ce dispositif expérimental va être étendu au cours de l’année avant une application prévue en effet au 1er janvier prochain. Mais de quoi s’agit-il ? Il s’agit de mettre dans une dynamique de recherche d’emploi non seulement les bénéficiaires du R.S.A., mais tous les demandeurs d’emploi. Qu’on ne se trompe pas sur le terme d’activité obligatoire : participer à un forum, faire une immersion dans une entreprise, tout cela participe à ce volume de 15 heures, un volume qui sera d’ailleurs adaptable selon la situation de chacun. Tout cela se fera au regard du contrat d’engagement que chaque demandeur d’emploi devra signer à partir du début de l’année prochaine. C’est donc un engagement de tous : demandeurs d’emploi, entreprises, service public de l’emploi et ses partenaires, dans un même objectif : que chacun finisse par trouver un emploi adapté.