Dans son rapport annuel sur l’état des eaux, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée- Corse estime à 26 % seulement la part de cours d’eau en bon état en Bourgogne- Franche-Comté-Grand Est. Malgré tout, la qualité de l’eau s’améliore. Explications
Chaque année, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse réalise un bilan de la surveillance des cours d’eau de son territoire, eaux de surface comme eaux souterraines. 6,5 millions de données sont recueillies et analysées pour un investissement annuel de 10 millions d’euros.
En Bourgogne-Franche-Comté-Grand Est, seulement 26 % des cours d’eau sont en bon état (écologique et chimique), contre 83 % des eaux souterraines. Le massif jurassien est particulièrement en bon état, tandis que les rivières situées en plaine sont dégradées, notamment à cause de la présence de pesticides. Néanmoins, ce chiffre de 26 % est à mettre en corrélation avec deux points importants.
Premièrement, il est observé une nette amélioration de la qualité des eaux. “Depuis les années 1990, le taux d'ammonium a été divisé par 20”, note Olivier Fontaine, chef de projet à l’Agence de l’eau. La présence des diatomées, des algues sensibles aux pollutions, est aussi plus importante. De même, une nette diminution de la concentration des micropolluants est observée. En 2023, le ratio est passé de 0,8 à 0,2 et a été divisé par 14 depuis 2008. Olivier Fontaine relève toutefois un bémol : la faune et la flore aquatiques restent sensibles à la sécheresse des cours d’eau.
Deuxièmement, la méthodologie d’analyse a évolué depuis trente ans. Huit fois plus de paramètres sont mesurés pour un total de 1 400 paramètres chimiques. Par ailleurs, plus de 700 substances sont présentes (dont 300 pesticides) dans le milieu, la majorité n’ayant pas de normes. “On ne peut pas dire si ces substances ont un impact sur la faune aquatique, reprend Olivier Fontaine. Pour les PFAS, à partir de nouvelles détections, on voit que l'impact toxique sur le milieu augmente. Les PFAS ont été interdits par l’Union européenne en 2009, donc ces substances étaient présentes bien avant dans nos cours d’eau. Aujourd’hui, nous avons une meilleure vision des choses. Pour autant, peut-on dire que l’eau est plus polluée qu’avant ? Chaque année, on retrouve de nouvelles substances”, poursuit Olivier Fontaine.
706 produits de synthèse ont été détectés au moins une fois dans les cours d’eau. Concrètement, les rivières ne sont pas plus polluées qu’avant, mais les méthodes de détection plus fines font apparaître de nouveaux polluants, notamment des substances d’intérêt émergent comme les médicaments. L’Agence de l’eau suit 159 polluants de ce type : des substances pharmaceutiques, stéroïdes, hormones, stimulants, cosmétiques… Sur ce sujet, le prochain programme pluriannuel de l’Agence de l’eau en 2025 axe 50 % de ses aides sur le petit cycle de l’eau (stations d’épuration et eau potable) et souhaite introduire plus d'exigences par rapport aux polluants émergents.
Enfin, l’Agence de l’eau précise un autre paramètre à prendre en compte : “L’impact de l’ensemble de ces pollutions sur les milieux aquatiques est d’autant plus fort sur les rivières dont le cours naturel est perturbé par des aménagements ou des prélèvements excessifs.”
Quid du nitrate ? “Dans le Doubs, les réseaux karstiques en continu sur des rivières comme la Loue et le Doubs nous posent beaucoup de questions. Le nitrate n’est pas un paramètre déclassant de la qualité des eaux, répond l’Agence de l’eau. Pour autant, on travaille dessus, notamment en raison de l’impact du nitrate sur la mortalité piscicole.” Sur ce sujet, la restitution du programme Nutri Karst devrait avoir lieu au printemps.