Un chantier d’envergure a été lancé fin 2024 sur la Rêverotte et ses affluents. Certains pêcheurs et défenseurs de la nature en contestent l’utilité.
L’E.P.A.G.E. Doubs-Dessoubre, soutenu par les fonds “Nature 2050” et le fonds “M.A.I.F. pour le vivant” a lancé ce chantier en septembre dernier. La Rêverotte est un affluent du Dessoubre. Longue de 12,3 kilomètres elle prend source sur la commune de Loray, et traverse les cinq communes suivantes, de l’amont vers l’aval : Loray, La Sommette, Plaimbois-Vennes, Pierrefontaine-les-Varans et Bretonvillers (confluence).

« L’Amicale des riverains et pêcheurs du Dessoubre et de ses affluents ne comprend pas la nécessité et les véritables raisons de ce chantier. La vallée de la Reverotte est depuis des temps immémoriaux un havre de paix et de tranquillité. Située à l’écart des grandes voies de communication, elle avait pu conserver jusqu’à ces derniers mois un aspect naturel privilégié », confie un des membres du collectif.
La rivière qui coulait en toute saison gardait une fraîcheur relative grâce à la présence d’une végétation abondante à l’ombre de la forêt. Elle possédait de ce fait un peuplement de truites de souche autochtone d’une qualité rare. La pêche gérée par l’A.A.P.P.M.A. de Pierrefontaine-les-Varans constituait un loisir agréable et un atout touristique pour les communes environnantes.

Quels sont les reproches adressés aux commanditaires de ces travaux et peut-on réconcilier l’inconciliable ? « Les sources qui alimentent la rivière à partir de Martinvaux sont intermittentes. Elles tarissent chaque année pendant de longues périodes estivales et mêmes hivernales mettant fin à toute circulation d’eau », poursuit un des membres de l’association. C’est la raison pour laquelle des petits seuils ont été aménagés au cours de l’histoire afin de réguler le cours de la rivière. « Des interventions de grande ampleur ont eu lieu fin 2024 : nombreux arbres abattus, interventions de pelleteuses pour recalibrer les berges et niveler le lit de la rivière. Le but, nous a-t-on dit était de permettre un écoulement plus rapide des eaux ? Et de ce point de vue, c’est une réussite ! La Reverotte ne contient plus d’eau, hormis quelques petites flaques, et les hectares de zone humide situés en amont sont en voie d’assèchement », renchérit un sympathisant de l’association.

Ces militants considèrent aujourd’hui que ces travaux coûteux ont des résultats néfastes : disparition de la faune piscicole (truites, ombres, chabots, lamproies et vairons), disparition de la faune benthique (mouches et invertébrés) et assèchement des zones humides avec de nombreuses conséquences pour les animaux de la forêt, les oiseaux et les batraciens. « Comment comprendre qu’un site touristique naturel comme cette vallée soit détérioré et dévalorisée ? Le simple constat qu’une rivière soit délibérément supprimée nous est incompréhensible », concluent les membres du collectif.