En février 1871, le passage de 23 000 soldats de l'Armée de l'Est aux Fourgs pour rejoindre la Suisse se déroule dans l'indifférence d'une communauté villageoise terrassée par le typhus et la peste bovine.

Habitant des Fourgs, Gérard Tissot-Robbe travaille actuellement à l'écriture d'un livre consacré à l'internement de l'Armée de l'Est en Suisse. En 1871, le pays a vu une armée de 87 000 hommes transiter dans le Haut-Doubs avant de rejoindre le Val de Travers, Sainte-Croix, Vallorbe, la Vallée de Joux.
Au fil de ses investigations, il s'étonnait du peu de traces écrites laissées par le passage aux Fourgs d'une partie de cette armée en déroute. 23 000 hommes quand même, cela ne devrait pas passer inaperçu. Il note en revanche une hausse importante de la mortalité humaine et bovine. "A cette époque, la commune comptait 1 200 âmes et l'on y enregistrait bon an mal an une trentaine de décès par an. Les chiffres s'envolent en 1870 et 1871 avec une centaine de morts, sans que soit précisé la cause du décès dans les registres. On retrouve des gens de tout âge."
Le village est alors la proie d'une terrible épidémie de typhus doublée de la peste bovine qui décime le bétail. En février 1871, environ 200 vaches victimes du fléau sont enterrées dans une fosse creusée au lieu-dit les Creux de l'eau près des téléskis des Granges-Berrard.
La situation sanitaire va s'améliorer progressivement avec une mortalité passant de 50 à 30 décès entre 1872 et 1873. "Des mesures de confinement avaient été prises au niveau des troupeaux, ce qui devait être compliqué à gérer avec le pâturage des bêtes dans les communaux", poursuit l'historien marqué aussi par l'extrême misère de la population.
Pour lui, c'est aussi l'occasion de rétablir une certaine vérité historique contraire à celle des hussards noirs de la République, surnom donné aux instituteurs sous la IIIe République, attribuant cette surmortalité à l'unique passage des Bourbakis. La soldatesque avait souvent l'habitude de marquer la population dans sa chair par ses exactions mais pas de là à tripler le taux de mortalité en une ou deux journées.


Cet article vous est proposé par la rédaction de La Presse Pontissalienne
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