Un groupe de travail commence à étudier la possibilité de terminer le travail effectué en 2001. Les acteurs de l’époque militent en faveur de la reprise de ce chantier.

Vingt-trois ans se sont écoulés depuis ce fameux chantier de colmatage des failles dans les bassins du Doubs réalisé au printemps 2001. Après un patient travail de détection grâce à des mesures des courants d’électro-filtration et sur la base des études géologiques historiques, les experts avaient réussi à localiser une des principales failles au fond du dernier bassin du Doubs, non loin du débarcadère côté suisse, à 21 mètres de profondeur. Et après quelques tracas administratifs et un rocambolesque chantier commandé par la commune de Villers-le-Lac, plongeurs et techniciens avaient réussi à reboucher cette faille de 3 mètres de long et de 50 cm de large au moyen de remblais et d’un béton hydrofuge. Nous étions en mars 2001, les autorités suisses avaient refusé toute publicité autour de l’opération de peur d’éveiller les protestations de quelque mouvement écologiste. À l’époque, les mêmes préoccupations - attractivité touristique et maintien du niveau d’eau en période estivale pour préserver la ressource en poissons - motivaient déjà la réalisation de ces travaux. Mais on l’a vu, depuis 2018 surtout, ces travaux n’ont pas suffi à maintenir les bassins du Doubs pleins et à éviter qu’ils ne se vident en cas de forte chaleur.

Les travaux de colmatage des fuites avaient eu lieu sur ce dernier bassin, en territoire suisse.

Vingt-trois après, nous avons donné rendez-vous aux deux principaux acteurs de ce chantier hors normes engagé sur les failles. L’hydrogéologue Jean-Pierre Mettetal, et le spéléologue spécialiste des travaux acrobatiques et spéciaux Christophe Rognon. Tous deux plaident pour poursuivre le travail. “Ces travaux ont été probants, mais insuffisants, car il existe d’autres failles, que nous pourrions également traiter” pense Jean-Pierre Mettetal. “C’est un peu comme si on avait remis la bonde au fond de la baignoire, mais la baignoire continue à fuir parce qu’il y a d’autres failles” ajoute Christophe Rognon qui a repris les explorations des bassins en janvier dernier au moyen d’un robot sous-marin télécommandé, avec l’aide des bateliers Tiffany et Christophe Droz-Bartholet. “Nous savons où sont les autres failles. Elles sont moins grandes que celle que nous avions rebouchée, les travaux sont possibles. Il faut juste qu’il y ait une volonté politique” ajoutent les deux experts. Les travaux de 2001 avaient permis d’éliminer la fuite d’environ 500 litres d’eau par seconde selon eux.

Le spéléologue Christophe Rognon et l’hydrogéologue Jean-Pierre Mettetal à nouveau réunis en cet été 2024. Ils avaient piloté les opérations de rebouchage des fuites dans les bassins en mars 2001.

Cette volonté, elle semble exister plutôt côté suisse pour l’instant, à l’initiative notamment de quelques élus helvétiques comme le Loclois Cédric Dupraz qui a déjà animé plusieurs réunions de travail auxquelles ont également participé les bateliers français et suisses. La question du rebouchage des failles revient donc dans l’actualité. Mais le dérèglement climatique change également la donne. Depuis 2018, les périodes caniculaires estivales se sont multipliées. Avec ou sans failles, si les précipitations ne sont plus suffisantes, la sécheresse des bassins du Doubs est inéluctable.

L’historique sécheresse de 1906 (photo D.R.).

En ce début d’été 2024, la situation hydrologique est parfaite pour l’activité touristique et la régénération du Doubs. Et selon Jean-Pierre Mettetal, “il serait également nécessaire de traiter les failles situées à l’aval de Pontarlier du côté d’Arçon et de Maisons-du-Bois. Il y a des solutions techniques” assure-t-il. Encore faut-il là encore la volonté politique d’engager cette réflexion. Vingt-trois ans après le chantier des bassins du Doubs, le débat est donc relancé. Pour préserver la réputation de ce grand site classé que sont les bassins et le Saut du Doubs, le jeu en vaut peut-être la chandelle ?

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