"L'interrogation, c'est quand reprendrons-nous ?"
Basée à Besançon, l'équipe cycliste continentale Groupama-FDJ s'adapte au confinement alors que les pays étrangers (Suisse, Allemagne, Hollande, Belgique, Grande-Bretagne) autorisent les professionnels à s'entraîner sur route. Le point avec Nicolas Boisson, entraîneur. Il donne des nouvelles de Thibaut Pinot.
La Presse du Doubs : Vous entraînez à Besançon 14 coureurs au sein de l'équipe continentale (équivalent de la 3ème division) Groupama-FDJ. Vos athlètes ont-ils le moral durant ce confinement ?
Nicolas Boisson : Oui. Cela a été très dur pour eux jusqu'à ce que le confinement soit officialisé car un jour une course avait lieu, le lendemain elle était annulée. Nous avions tous nos coureurs à Besançon jusqu'à la veille du confinement où nous leur avons donné la possibilité de repartir chez eux, en France, en Suisse, en Grande-Bretagne, ou en Italie. Seul Yakob Debesay, notre coureur érythréen, n'a pas pu regagner son pays. Il est à Besançon. Nous les suivons régulièrement et ils sont en lien avec le médecin (le Dr Jacky Maillot) et ont accès à deux préparateurs mentaux ainsi que l'ensemble du staff (manager, directeur sportif). On est à la maison mais le travail continue.
Les cyclistes français ne comprennent pas que la pratique du vélo soit interdite (à moins d'1 km de chez soi) alors qu'elle est vivement conseillée en Allemagne, en Suisse, en Angleterre... C'est un coup dur pour ces jeunes qui rêvent de passer professionnel ?
NB : Effectivement, tous les étrangers peuvent rouler sauf nos Français. En Hollande, en Belgique, en Suisse, c'est conseillé. Notre coureur italien ne roule pas sur route car c'est mal vu. Pour le moment, ce n'est pas pénalisant car nous avons demandé à nos coureurs d'observer une période de repos. Ça le deviendra si le confinement devait se poursuivre un mois et demi de plus. Les Français s'entraînent sur home-trainer.
"En Hollande, Belgique, la pratique du vélo est vivement conseillée." Nicolas Boisson, entraîneur à la Groupama-FDJ
Des équipes professionnelles annoncent le retrait de certains sponsors. Votre équipe est-elle menacée financièrement ? Son implantation à Besançon également ?
NB : Nous avons la chance de posséder deux partenaires (FDJ et Groupama) qui nous font confiance. Ils sont contents de nos résultats : la première victoire de la saison 2020 de l'équipe professionnelle a été remportée par Alexys Brunel (vainqueur de l'Étoile de Bessèges). Nous travaillons en sérénité.
Certains de vos coureurs sont en fin de contrat. Ils doivent être inquiets ?
NB : Effectivement. Au-delà du physique, ils ont cette inquiétude d'être opérationnels dès la reprise des courses. Ils devront être prêts moralement. Officiellement, la reprise est annoncée au 1er juin par l'UCI (union cycliste internationale). Mais il faut attendre la date du déconfinement en France. Pour l'entraînement, ce n'est pas simple car nous ne savons pas sur quelles échéances travailler. Le Tour d'Alsace (fin juillet) vient d'être annulé. Qu'en sera-t-il du baby Giro ? On fait du plan A jusqu'au plan Z pour s'adapter.
Pouvez-vous nous donner des nouvelles de Thibaut Pinot, le leader de l'équipe pro ?
NB : Thibaut a cette chance d'habiter à la campagne (NDLR : à Melisey, en Haute-Saône) et d'avoir ses animaux à côté de lui. C'est une échappatoire pour lui. Il reste un homme de la nature qui est aussi impatient de reprendre la compétition.
Pour info, Thibaut Pinot s'est amusé durant le confinement à créer un compte Instagram à une de ses chèvres :