Jacques Grosperrin n'a toujours pas digéré sa mise à l'écart de la cérémonie du 8 mai
Les relations sont devenues glaciales entre le préfet du Doubs Joël Mathurin et le sénateur bisontin Jacques Grosperrin depuis que ce dernier s'est vu mettre à l'écart de la cérémonie du 8 mai à Besançon, alors, dit-il, "que les parlementaires étaient autorisés partout en France à y assister."
Déconfinement ou pas, ces deux-là ne partiront sans doute pas en vacances ensemble cet été, fût-ce sur des plages françaises... Près d'une semaine après l'incident, le sénateur Jacques Grosperrin n'a toujours pas avalé sa mise à l'écart par le préfet du Doubs, lors de la cérémonie de commémoration du 75e anniversaire de l'armistice de 1945 devant le monument aux morts de Besançon. "Dans un premier temps, je n’ai pas souhaité m’exprimer sur ce sujet, estimant que toute polémique était inutile et qu’en cette période difficile, il y avait bien d’autres sujets sur lesquels nous devions nous concentrer. Néanmoins, au regard de commentaires apparus ces derniers jours sur le sujet, je souhaite clarifier certains points" note le sénateur Grosperrin.
En premier lieu, et concernant "l’acte de désobéissance" que soulignent des commentateurs "probablement irréprochables, mais mal informés" et contrairement à ce qui a été affirmé, "je n’ai pas reçu de directive indiquant que ma présence ne serait pas admise pour cette cérémonie. Au contraire, le Premier ministre avait indiqué au président du Sénat le 5 mai que les parlementaires pourraient naturellement participer aux commémorations, ce qui a été confirmé le 6 mai aux préfets suite à la réunion de crise interministérielle" avance Jacques Grosperrin.
L'élu bisontin affirme également qu'à l’échelon plus local, "les services de la préfecture ont bien indiqué à mon équipe, lors d’un échange téléphonique le jeudi 7 mai, que si les circonstances ne permettaient pas une cérémonie dans des conditions ordinaires, les parlementaires seraient tout de même accueillis par le préfet s’ils se présentaient."
Jacques Grosperrin estime donc avoir été écarté injustement et de manière bien peu républicaine par le préfet. "C'est une faute professionnelle" tranche M. Grosperrin. "Je ne pensais pas que ma présence susciterait un tel émoi, 5 personnes dans un espace de 1 500 m2 à l’air libre, trois jours avant la levée du confinement et de la réouverture des écoles…" soupire-t-il.
Le parlementaire dit aussi avoir constaté que nombre de ses collègues ont pu, dans des circonstances tout à fait acceptables, manifester leur respect aux combattants et aux morts de la seconde guerre mondiale sans que cela ne provoque d’esclandre. Selon nos informations par exemple, la députée bisontine Fannette Charvier était présente à Pelousey pour les commémorations du 8 mai.
"Je m’interroge donc sur la considération que le préfet du Doubs peut avoir pour les élus dans leur globalité. Je ne pense pas que les maires et les parlementaires, ces dernières semaines, aient fait la démonstration de leur totale inutilité…"
Cinq jours après ce que le cabinet du ministre de l'Intérieur aurait qualifié de "malentendu", Jacques Grosperrin n'attend ni excuse ni remords du préfet du Doubs qui selon lui a fait "de l'excès de zèle." "Je demande juste du respect" termine le sénateur. Le préfet Joël Mathurin a tenté à plusieurs reprises de joindre à nouveau M. Grosperrin depuis l'incident, notamment par SMS. Pour l'instant, ce dernier reste muet aux appels du représentant de l'État.
Le préfet du Doubs n'a pas souhaité apporter d'autres commentaires à la réaction de M. Grosperrin. La préfecture tient néanmoins à faire savoir qu'il est faux d'affirmer que le préfet n'a pas accueilli M. Grosperrin. Malgré le fait que les parlementaires n'avaient pas été invités, M. le préfet a bien accueilli, avec surprise, M. Grosperrin et lui a seulement demandé de se tenir un peu plus à distance.
La nuance est faible, mais au final, il n'est pas sûr que cet incident soit à la hauteur des enjeux du moment...