Des étudiants de Dijon se sont penchés sur cette question.
Comment la filière va s’adapter à l’augmentation des températures ? Aux sécheresses ? Aux changements des conditions de production ? Éléments de réponse avec les étudiants d’Agro’Sup Dijon qui ont planché sur le sujet.
Après un début de campagne comparable aux années précédentes, la production de mont d’or avait marqué le pas en fin de saison. La douceur exceptionnelle des températures explique sans doute pourquoi les ateliers ont préféré basculer vers la fabrication de comté, là où il y avait des marchés à honorer. “Les températures n’étaient pas propices à la consommation de boîtes chaudes. On va devoir communiquer davantage sur le mont d’or qui se mange aussi froid”, indique Éric Février, le président du syndicat du mont d’or.
La filière avait mandaté Agro’Sup Dijon pour réaliser une étude portant sur la durabilité de l’A.O.P. mont d’or face au dérèglement climatique. Un projet de fin d’étude impliquant douze futurs agronomes qui ont travaillé pendant cinq mois sur ce thème en proposant différentes solutions. D’abord mesurer l’ampleur du phénomène sur le territoire de l’A.O.P. mont d’or. Sur le plan des températures, cela se traduit par une hausse de 0,5 °C par décennie, ce qui signifie que la température moyenne annuelle passera de 8,7 °C à 11,2 °C entre 2020 et 2065.
L'exceptionnel deviendra la normale.
Les fluctuations seront aussi de plus en plus variables d’une année sur l’autre et l’exceptionnel deviendra la normale. Le rythme des saisons sera aussi bousculé avec des étés plus longs et plus secs alors que le reste de l’année sera plus humide. Pour un total des précipitations constant avec la disparition progressive de la neige.
Ces changements climatiques se répercutent sur la ressource en eau, sans doute l’enjeu capital sur la filière mont d’or. Avec le réchauffement, la tendance est à l’assèchement des nappes et des rivières. Ce qui ne va pas sans poser des problèmes fourragers, d’abreuvement du bétail et de qualité d’eau pour une production exigeante sur le plan sanitaire.
Face à ces difficultés, les étudiants proposent de favoriser les interconnexions en eau potable, d’optimiser les rendements des réseaux, de remettre en service des captages abandonnés et d’améliorer les capacités de stockage naturelles des zones humides.
Le dérèglement climatique impacte aussi les ateliers de production animale et végétale. “On a ciblé quatre stratégies d’adaptation”, explique l’un des étudiants. Tendre vers l’autonomie fourragère avec l’implantation de prairies artificielles type luzerne, la diminution du nombre de génisses à l’engraissement, le pâturage précoce…
Deuxième axe stratégique autour du stockage de l’eau. L’idée étant d’avoir assez de réserve pour passer les mois les plus secs. Ce qui suppose aussi d’investir dans des unités de traitement. Se pose aussi la question de la valorisation des effluents. Du fumier plutôt que du lisier. Encourager des échanges entre agriculteurs.
Autre axe : développer les plantations de haies, le pâturage boisé qui favorisent les zones d’ombre et donc le bien-être animal. La chambre d’agriculture du Doubs et Territoire de Belfort a d’ailleurs recruté un technicien chargé de mettre en place des projets d’agro-foresterie. La dernière adaptation à mettre en œuvre porte sur la ressource forestière. Les sécheresses à répétition fragilisent notamment les plantations d’épicéa. Plusieurs actions sont possibles : rompre avec la continuité des forêts pour freiner la propagation des scolytes, réduire la densité forestière, introduire des épicéas en provenance du sud.