Arrivé en août à la tête de la compagnie de gendarmerie de Pontarlier dont dépend notamment celle de Morteau, Nicolas Garro a vite trouvé ses marques sur un territoire montagneux à sa convenance où la délinquance s’accentue sous toutes ses formes.
Càd : Quel a été votre parcours avant de venir à Pontarlier ?
Nicolas Garro : J’ai 37 ans, marié, deux enfants. Je suis originaire de la Tarentaise où j’ai grandi dans une famille de gendarmes. Après le Bac, j’ai suivi un cursus d’ingénieur en mathématiques et cryptographie en ayant toujours en tête l’idée de devenir gendarme. Diplôme en poche, j’ai fait l’école d’officier puis j’ai débuté ma carrière à Paris. D’abord au sein d’un peloton autoroutier avant de poursuivre en 2016 à la direction générale, au service spécialisé dans la transformation numérique de la Police et de la Gendarmerie. J’ai travaillé notamment sur le projet “Néo” qui consistait à mettre au point un smartphone sécurisé, destiné aux forces de l’ordre. Cet équipement est déployé depuis 2022.
Càd : Qu’est-ce qui vous plaît dans votre profession ?
N.G. : J’avais envie d’exercer un métier social au contact de la population.
Càd : Le Haut-Doubs était un choix prioritaire ?
N.G. : J’avais demandé une affectation en zone montagneuse. C’est mon premier poste de commandant de compagnie. Depuis mon arrivée début août, je découvre un territoire avec une forte identité qui me rappelle aussi la Tarentaise avec des spécialités agricoles, du potentiel touristique. On note aussi une certaine fierté des habitants de vivre ici.
Càd : Et sur le plan professionnel ?
N.G. : On est sur une complexité de territoire liée à l’essor économique et démographique. Je le ressens sur l’activité gendarmerie. Cette année, on enregistre une augmentation significative de l’activité par rapport à 2023, que ce soit sur la sécurité routière, les vols, les violences intrafamiliales.
Càd : On pense immédiatement à l’accidentologie particulièrement dramatique depuis quelques semaines…
N.G. : Effectivement, et pourtant la gendarmerie est présente sur le terrain. C’est souvent le fait de la vitesse associée à autre chose : alcool, drogue ou éléments distracteurs comme le portable. Il y a aussi des gens fatigués, excités, avec des comportements irrespectueux, ce qui augmente les risques d’accidents sur un territoire comme le Haut-Doubs avec une typologie de routes montagneuses. On observe aussi des problèmes comportementaux sur les mouvements pendulaires. On va encore renforcer nos actions, en densifiant les contrôles, en associant le pédagogique et le répressif car le seul indicateur à faire évoluer, c’est le nombre de victimes blessées ou tuées.
Càd : Le Haut-Doubs attire toujours les cambrioleurs ?
N.G. : Oui, c’est le fait d’être perçu comme un territoire opulent. Le risque est encore plus élevé aux changements d’horaires, d’où l’importance de bien fermer sa maison, son véhicule. On n’est pas une zone à forte délinquance mais cette richesse attire la convoitise et c’est un point de vigilance à prendre en compte.
Càd : C’est la même chose pour les violences intrafamiliales ?
N.G. : Tout à fait, ces agressions physiques, morales progressent de façon significative en France depuis 2018 avec la mise en place de la plateforme de signalisation des violences sexistes et sexuelles. C’est l’époque du mouvement #MeToo, de la libération de la parole. Ces violences intrafamiliales touchent toutes les catégories sociales, à tout âge. Au niveau du Doubs, il existe à Besançon une brigade territoriale spécialisée dans ce domaine. Elle vient en appui aux autres unités. Il existe aussi une maison de protection des familles sur le secteur de Montbéliard. Toutes ces affaires sont gérées en coordination avec l’autorité judiciaire.
Càd : La recrudescence d’activité concerne-t-elle aussi les affaires liées à la drogue ?
N.G. : Oui, dans la lutte contre les stupéfiants, on constate un durcissement des drogues, je pense par exemple au cannabis remplacé par la cocaïne. Sur le Haut-Doubs, la proximité de la frontière et le pouvoir d’achat favorisent le développement des trafics. On concentre nos efforts pour lutter contre les points de deal.