Philippe Marguet, agriculteur, s’inquiète d’une procédure de classement en zone 1 AU, c’est-à-dire immédiatement constructible, d’une parcelle de 1,6 hectare qu’il exploite à proximité de sa ferme. La commune explique que tout est parfaitement légal.
Installé en individuel, Philippe Marguet, 43 ans, soigne un troupeau de 45 vaches laitières, soit une référence de 270 000 litres de lait livré et transformé en comté, morbier et raclette à la coopérative de Gilley. Son exploitation est située à proximité du Tuyé du Papy Gaby avec un parcellaire de 70 hectares en limite de l’espace bâti de Gilley. Des terres pour la plus grande partie louées à sa famille, à la commune et à des privés. “C’est souvent très compliqué de tenir une ferme dans un village qui se développe comme celui de Gilley. Les riverains n’acceptent pas toujours les odeurs, les bruits, le dérangement occasionné par le troupeau, les tracteurs... Certains voisins ne me causent plus”, explique l’agriculteur néanmoins ravi d’avoir devant sa ferme une zone de 7 ou 8 hectares d’un seul tenant où il peut effectuer des travaux agricoles, mettre ses bêtes en pâture sans trop déranger, et limiter les déplacements en tracteur.
Oui mais voilà, il a appris que la commune prévoyait de reclasse une des parcelles qu’il exploite pour qu’elle soit constructible à court terme. “Cette parcelle qui couvre 1,6 hectare est située au milieu des 8 hectares. Au départ, elle était classée en terrain agricole. En 2015, elle est devenue constructible, en passant en zone 2 AU et aujourd’hui la commune prévoit de la mettre en zone 1 AU, c’est-à-dire immédiatement constructible.”
Philippe Marguet craint que la construction d’un lotissement à proximité de son exploitation ne mette en péril son activité. Il confirme que la parcelle en question est bien exploitée dans le cadre d’un bail en bonne et due forme. “En juin 2023, j’ai rencontré le maire de Gilley qui m’a annoncé le reclassement du terrain. Je sais que pour l’instant, la procédure est en cours. J’ai renvoyé deux courriers au maire pour lui faire part de mes craintes. Je ne resterai pas sans réagir et je vais sans doute prendre un avocat”, indique Philippe Marguet.
Le maire Gilbert Marguet connaît bien ce dossier. Il tient en premier lieu à relativiser le rapport de surface : “On parle d’1,6 hectare sur un parcellaire de 70 hectares.” Il confirme qu’une révision du P.L.U. est en cours avec le projet de faire évoluer le classement de la fameuse parcelle de 2 AU en 1 AU. “Voilà où l’on en est actuellement.” Aucun projet de lotissement ou d’extension de lotissement n’est pas à l’étude au Creux Renard. “Rappelons que la commune loue 180 hectares de communaux aux agriculteurs dont 16 hectares à Philippe Marguet qui est d’ailleurs celui qui en a le plus.” Il indique également que 250 hectares de terres agricoles sur Gilley sont exploités par des agriculteurs de l’extérieur.
Philippe Marguet sait en cas d’éviction qu’il aurait donc droit à des compensations foncières ou financières. Une alternative qui ne le satisfait qu’à moitié. “Entre travailler sur place ou faire trois kilomètres pour se rendre sur une autre parcelle, le choix est vite fait.”