Cet hiver, il a encore passé une quarantaine d’heures à l’observer. Alain Prêtre suit l’hermine depuis une vingtaine d’années et en a déjà fait de magnifiques photos
On la trouve là où on trouve des campagnols, des murs de pierres sèches qui ceinturent les propriétés agricoles, des champs, des prés, des haies. Elle est partout dans le Haut-Doubs. L’hermine fascine. “À l’automne, je vais regarder où il y a beaucoup de taupinières. C’est là que je pourrai rencontrer l’hermine en hiver”, raconte Alain Prêtre, 68 ans, le photographe animalier qui en a fait de magnifiques photographies. “Cette année, j’étais dans un secteur où il y en avait une dizaine sur quelques kilomètres carrés du côté des Gras et de Grand’Combe-Châteleu.” Au plus près d’un spectacle merveilleux.
Voir l’hermine, ce petit carnivore espiègle, changer de couleur, du brun en été au blanc en hiver tout en gardant le bout de la queue noir, en fonction du raccourcissement des jours et de la baisse des températures. “Elle se met aux couleurs de l’hiver pour être moins repérable de ses prédateurs, le chat forestier, le milan royal ou la buse”, imagine le natif de Rosureux dans la vallée du Dessoubre. “Ce n’est pas pour plaire au photographe !” Belle, bien fuselée et espiègle à l’extérieur (on peut la voir parfois sauter en l’air de bonheur à 40 cm du sol simplement pour jouer), l’hermine, qu’on ne s’y trompe pas, est aussi un véritable “serial-killer”. Il ne faut pas se fier à sa bouille de peluche.
Passée maîtresse dans l’art du camouflage, c’est une chasseuse redoutable. “Elle chasse les campagnols, elle les chope à la gorge et les saigne”, continue le photographe installé à La Chaux-de-Fonds. “Elle est plaisante à observer pour ses mimiques, ses départs fulgurants, ses plongées soudaines dans les galeries. Elle reste rarement statique plus de quelques secondes. Son corps fluide et tonique est taillé pour le sprint ! Comme les renards, c’est aussi un allié de l’agriculture car elle détruit les campagnols.” Alain Prêtre a photographié l’hermine pour la première fois il y a une vingtaine d’années. Et ce moment l’a marqué. “Ce fut un vrai régal”, se souvient l’ancien journaliste à L’Alsace, à 24 heures (Lausanne) et à ArcInfo. “Depuis, j’attends chaque année le moment de sortie de l’hermine. C’est un grand spectacle, j’ai un plaisir fou à l’observer”, savoure celui que la passion de la photographie animalière n’a jamais quittée.