Le G.A.E.C. de l’absinthe a œuvré de concert à la plantation de 540 m de haies en partenariat avec Pierre Guy, technicien conseil en agroforesterie, et les pêcheurs de l’étang des Granges. Un chantier participatif à finalité écologique, agricole et paysagère
Plantations le jeudi sous une pluie battante, pose des clôtures le vendredi sous un soleil éclatant, les jours se suivent et ne se ressemblent pas sur ce chantier rondement mené, à la grande satisfaction de Pierre Guy à l’origine de ce projet de plantation de haies. Lui qui était parti pour reprendre le flambeau de la distillerie Guy, une institution pontissalienne, a finalement opté pour un retour à la terre. “Je suis assez attentif aux enjeux environnementaux, justifie celui qui a finalement choisi de se reconvertir dans le végétal. J’ai suivi une formation d’un an à l’école française d’agroforesterie. On était onze venus d’horizons très variés à inaugurer cette première promotion.”
En cours d’étude, le futur technicien-conseil devait monter un projet tutoré. L’occasion de renouer les liens avec le G.A.E.C. de l’absinthe aux Granges-Narboz qui cultivait jadis cette plante pour la distillerie Guy. L’exploitation agricole a accepté la proposition de planter deux haies dans une prairie de fauche située le long de l’étang des Granges. L’opération a pris la forme d’un chantier participatif associant aussi des pêcheurs bénévoles de l’Association grangearde des pêcheurs relax. “Le choix de la parcelle s’explique par sa situation sur terrain découvert où il n’y a pas l’ombre d’un arbre pour protéger les bêtes en période de canicule”, complète le technicien-conseil désormais installé à son compte.
Le projet mené aux Granges revêt un caractère expérimental qui correspond aux orientations environnementales susceptibles d’être éligibles à différentes aides. “La recherche de financements faisait aussi partie de ce projet qui a bénéficié des fonds After et GoodPlanet.” De ce fait, le G.A.E.C. supporte uniquement la plantation et la préparation du sol. Il sera aussi tenu de faire un suivi avec Pierre Guy. La plantation proprement dite s’est déroulée le 22 février avec l’aimable contribution d’une dizaine de pêcheurs. Cette haie qui longe l’étang des Granges apportera de l’ombre et formera un rideau de protection vis-à-vis du vent pour ceux qui fréquentent ce plan d’eau, très prisé des promeneurs. Les plants proviennent d’un pépiniériste jurassien. Ils sont donc acclimatés aux rigueurs climatiques du Haut-Doubs. “On est dans une zone Natura 2000 réglementée au niveau des pratiques agricoles. Avant que le réchauffement climatique ne soit une réalité, on avait pour habitude de faire paître nos vaches après les foins mais avec les canicules à répétition cela devenait de plus en plus compliqué”, précise Thierry Charmier qui exploite le G.A.E.C. de l’absinthe avec Claire, son épouse, et Pierre, l’un de ses deux fils.
Deux haies différentes ont été plantées au sud et au nord de la parcelle. “Il s’agit de haies multistrates avec des arbustes, des arbrisseaux et des ‘tiges hautes’, à savoir chêne, frêne, orme, érable. Le choix des essences varie en fonction de la nature du sol, de son hygrométrie. Les objectifs sont multiples : apporter de l’ombre, protéger le sol, offrir le gîte et le couvert aux oiseaux, petits mammifères, prédateurs du campagnol. Sans oublier le côté végétal et paysager. Ces haies pourront fournir un peu de nourriture aux bovins le cas échéant, et du bois de chauffage”, explique Pierre Guy ravi de renouer avec la pratique du bocage dans cette plaine de l’Arlier aux perspectives assez monotones.