Pour la troisième année consécutive, le Doubs a disparu à certains endroits entre Pontarlier et Villers-le-Lac
Le président de la communauté de communes du Val de Morteau et les élus chargés de la distribution de l’eau dans le secteur ont écrit aux habitants pour rappeler les règles à suivre avec une sécheresse qui se renouvelle désormais d’une année sur l’autre.
Si chaque habitant de la communauté de communes du Val de Morteau diminuait sa consommation d’eau journalière de 10 litres, “cela constituerait une économie globale de 222 m3 d’eau, soit l’équivalent de la consommation moyenne de 693 familles par jour”, écrivent Cédric Bôle, président de la CCVM, Jean-Charles Viprey, président du SIAEP du Plateau des Combes et Jean-Noël Cuenot, président du syndicat des eaux du haut plateau du Russey, gestionnaires de l’eau dans le secteur, dans un courrier qu’ils ont adressé récemment à tous les habitants. Pour illustrer leur propos, ils expliquent que “10 litres, c’est : une chasse d’eau, deux minutes de douche, ou encore l’eau récupérée lors du lavage des légumes.” Autant dire, pas grand-chose.
Cet appel à plus de sobriété prend un écho particulier quand on constate que cet automne encore, le Doubs a disparu de son lit à plusieurs endroits. “Engageons-nous tous ensemble pour économiser notre ressource en eau” invitent les élus qui ont appliqué l’arrêté préfectoral récent d’alerte sécheresse de niveau 3 avec les conséquences suivantes : lavage des véhicules interdit hors des stations professionnelles, remplissage des piscines privées interdit, tout comme l’arrosage des jardins, hors potagers qui peuvent être uniquement arrosés sur une réserve d’eau de pluie, et lavage des terrasses, toitures et façades de maisons également prohibé. Sous réserve d’une contravention de 5e classe.
Cette problématique de la ressource en eau a fait l’objet d’une étude récente menée par l’Observatoire transfrontalier de l’Arc Jurassien (OSTAJ) qui explique qui si “l’eau est une ressource très présente dans l’Arc jurassien au travers notamment de ses rivières et ses lacs”, c’est cependant “une ressource épuisable et menacée par la croissance démographique, l’urbanisation exponentielle ou encore les perturbations climatiques.” Dans l’Arc jurassien français, 86 % de l’eau prélevée est destinée à l’alimentation en eau potable, hors activités liées à l’hydro-énergie. “La consommation des habitants est de l’ordre de 150 à 200 litres d’eau par jour” indique l’observatoire. Problème : dans la partie française de l’Arc jurassien, la pression démographique s’intensifie à proximité de la frontière et notamment au niveau de la source du Doubs (Mouthe) mais également entre Pontarlier et Morteau, là où le Doubs a subi des sécheresses importantes ces deux dernières années.
"Cette imperméabilisation des sols croissante, associée à la nature karstique des sols de l’Arc jurassien augmente la pression sur les eaux souterraines."
Pourtant, malgré cette croissance démographique et une activité économique réelle, les prélèvements en eau, industriels comme ceux destinés à l’alimentation en eau potable ont tendance à baisser. “Dans l’Arc jurassien français, ils se sont réduits de 3,5 % entre 2012 et 2016” indique l’étude, ce qui tend à penser que c’est bien le dérèglement climatique qui cause ces assèchements à répétition du Doubs. L’observatoire souligne aussi que “dans l’Arc jurassien, 6,4 % de la superficie est artificialisée. Entre 2012 et 2018, la surface artificialisée de l’Arc jurassien a augmenté de 860 hectares, soit une progression de 0,8 %. Ainsi, cette imperméabilisation des sols croissante, associée à la nature karstique des sols de l’Arc jurassien augmente la pression sur les eaux souterraines avec des niveaux plus bas en été et un risque de pénurie.”