La profession était en réunion de crise avec les autorités ce vendredi. Son président tire la sonnette d'alarme
Premiers à avoir dû fermer leurs portes, ils seront sans doute les derniers à être autorisés à les rouvrir. Les professionnels de la restauration et de l'hôtellerie ont le moral au plus bas et attendent de vraies mesures d'urgence. Le représentant départemental de la profession tire la sonnette d'alarme.
La Presse du Doubs : Vous étiez en réunion avec le préfet, les administrations d'État, les autorités bancaires et élus locaux ce vendredi après-midi. Quel message avez-vous fait passer ?
Philippe Feuvrier : J'ai souhaité d'abord leur faire prendre vraiment conscience que les 428 hôtels et restaurants du Doubs que je représente en tant que président de l'UMIH sont dans une situation absolument catastrophique. Une grande partie de nos salariés sont en chômage technique, notre activité a été réduite à néant du jour au lendemain et surtout nous n'avons aucune perspective de déconfinement puisque les informations à ce sujet changent tous les jours ou presque. Certains de mes collègues restaurateurs qui avaient repris la saison le 15 mars après une pause hivernale ont dû fermer le soir même et ne reprendront pas avant juin ou juillet ! Pour eux, six mois d'inactivité, ce n'est évidemment pas tenable. Si aucune mesure n'est prise, on n'existera plus.
Les autorités vous ont-elles entendu ?
PF : Elles nous écoutés et ont semblé comprendre notre situation, mais pour l'instant, personne ne nous a proposés de solutions. J'imagine que les instructions et les éventuelles décisions viendront d'en haut mais à ce jour, nous n'avons aucune réponse concrète à nos inquiétudes. Pour l'instant, nous essayons de sauver quelques situations individuelles en négociant des encours avec les banques. Et pendant ce temps-là, nos charges continuent à être prélevées automatiquement.
Quelles mesures attendez-vous ?
PF : Le report de charges dont on nous a parlés n'est pour nous qu'un emplâtre sur une jambe de bois. Il faut imaginer aussi que nos établissements n'ont pas reçu un centime des compagnies d'assurances pour perte d'exploitation. Selon nous, c'est inadmissible. Il faudrait deux choses : premièrement que les compagnies d'assurances jouent vraiment le jeu, car elles en ont les moyens, et deuxièmement qu'on déclare pour notre profession sinistrée une année blanche en matière de charges, comme ce qui a été décidé en Allemagne. Je le dis officiellement : si aucune décision n'est prise pour nos établissements en matière d'annulation de charges, c'est la fin de la restauration de campagne de qualité en France.
Le moral de vos collègues est donc au plus bas ?...
PF : La pire des choses sans doute, c'est que les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration n'ont aucune perspective. C'est la raison pour laquelle maintenant, nous attendons des mesures concrètes. Sans ces mesures, plus de la moitié de notre profession risque de dégringoler.
Propos recueillis par J-FH