Avec le pôle de réemploi du Bas-de-la-Chaux et les travaux de rénovation de la station de traitement des eaux usées de Villers-le-Lac, la création de la Cité des horlogers est un des trois principaux chantiers du mandat pour la communauté de communes du Val de Morteau. C’est aussi celui qui est censé renforcer l’attractivité touristique du territoire.
La Cité des horlogers, c’est le projet de regroupement en un même lieu, le Château Pertusier à Morteau, des collections de l’actuel musée de l’horlogerie, du musée de la montre de Villers-le-Lac et de la collection d’outils horlogers détenue par la commune des Gras. “C’est un ambitieux projet qui entrera parfaitement en écho sur le parcours du temps entre La Chaux-de-Fonds avec son musée international de l’horlogerie, Le Locle et son autre musée, et Besançon avec son musée du Temps. La Cité des horlogers sera plus qu’un musée, c’est un projet culturel qui mettra à l’honneur toutes les personnes qui ont fait l’horlogerie, l’ensemble du savoir-faire horloger local. Quoi de mieux que de faire ça dans la ville où sont encore formés les meilleurs horlogers ?” résume Cédric Bôle, le président de la C.C.V.M.
Un projet architectural validé
Les élus communautaires ont validé au début de l’été le projet architectural qui transformera la Château Pertusier en Cité des horlogers. C’est le cabinet parisien Basalt Architecture qui a été retenu parmi les trois candidats en lice. “La proposition de ce cabinet d’architecture a été validée à l’unanimité des élus. Le projet comporte une extension du Château Pertusier, discrète car intégrée dans la pente, la création d’espaces d’expositions temporaires, une partie immersive, un atelier de réparation, un salon de thé... Ce sera non seulement un espace de visite, mais un espace de vie. La Cité des Horlogers intégrera aussi un espace V.I.P. où les entreprises locales pourront organiser des événements” ajoute M. Bôle.
La communauté de communes s’est donné les moyens de ses ambitions pour faire du Château Pertusier un nouveau pôle d’attractivité du territoire : le projet est chiffré à 6,5 millions d’euros H.T. Les travaux de réhabilitation doivent démarrer avant la fin de l’année 2024. Il faudra compter deux bonnes années de travaux avant de voir le chantier terminé.
L’actuel musée de l’horlogerie de Morteau fermera ses portes dès la fin de cette année 2023 afin de préparer l’inventaire et le transfert provisoire des collections. Une partie d’entre elles ainsi qu’un espace de préfiguration de cette future Cité des horlogers seront aménagés pendant la durée du chantier dans le musée de la montre de Villers-le-Lac. La salle d’exposition du Temps présent, elle, fermera (provisoirement) à la fin du premier semestre 2024 pour laisser place au chantier.
Un projet structurant de 6,5 millions d'euros
La Cité des horlogers est considérée par les élus locaux comme “un grand projet structurant pour le territoire.” Avec ce nouveau pôle muséal, la C.C.V.M. espère booster la fréquentation touristique du Château Pertusier. L’actuel musée de l’horlogerie accueille chaque année environ 10 000 visiteurs. “Le musée du Temps à Besançon en accueille 40 000 par an, le M.I.H. de La Chaux-de-Fonds plusieurs dizaines de milliers de visiteurs aussi, le Saut du Doubs 150 000. Avec cette Cité des horlogers, nous comptons bien capitaliser sur la fréquentation de tous ces sites pour en faire un des pôles d’attractivité majeurs du Val de Morteau” note le président de la C.C.V.M.
L'avis de l'horloger Yves Droz
Selon l'horloger Yves Droz, la Cité des horlogers devra se concentrer sur le patrimoine local et ne pas devenir un musée généraliste. Chaque salle présentera une ambiance particulière pour une visite immersive, du quotidien d'un horloger paysan à l'univers précieux du luxe horloger, en passant par l'âge d'or industriel du Val de Morteau.
C’est à dire : La création de cette Cité des horlogers est une bonne nouvelle pour le secteur ?
Yves Droz : C’est une excellente idée, à la condition que cette Cité des horlogers soit un centrage, et même un recentrage sur ce qui s’est fait en horlogerie dans le Val de Morteau et uniquement dans le Val de Morteau. Ce ne devra pas être un musée généraliste, il ne faudra pas se disperser.
Càd : Il ne faudrait pas exposer tout ce qui concerne l’horlogerie selon vous ?
Y.D. : Surtout pas ! Si c’est pour exposer des horloges comtoises de Morbier, il n’y aura aucun intérêt à faire cette Cité des horlogers. L’intérêt d’un tel lieu de mémoire est de mettre en valeur l’étendue des savoir-faire horlogers de notre secteur. Il faudrait par exemple une salle entière dédiée à l’outillage des Gras. Je ne crois pas que ce soit dans le projet et je le regrette. Même chose pour les montres de Villers-le-Lac, il faudrait idéalement qu’elles soient exposées avec leurs vitrines d’origine et respecter la manière dans les pièces doivent être présentées.
Càd : Vous suivrez de près la réalisation de ce projet ?
Y.D. : Je ne suis pas consulté sur le sujet. Mais je continue bien sûr de travailler tous les jours sur l’horlogerie dans le Val de Morteau et je prépare un livre qui sortira au moment où cette Cité des horlogers ouvrira, dans lequel seront répertoriés et présentés tous les fabricants d’horlogerie que le Val de Morteau a connus, et Dieu sait s’ils sont nombreux !
Le cabinet Basalt Architecture retenu pour réaliser la réhabilitation du Château Pertusier donne quelques détails sur le chantier
“Un nouveau parvis, creusé dans le parc pour être au niveau de la rue, un emmarchement qui guide le visiteur vers la nouvelle entrée et un socle maintenu pour mettre en valeur la bâtisse historique redéfiniront les abords du Château Pertusier pour que celui-ci forme un véritable événement sur l’espace public. Les abords du Château cesseront ainsi de n’être qu’un lieu de passage et deviendront une destination à part entière, un lieu de vie.”
Sur le château en lui-même, “de larges façades ouvertes qui donnent à voir les espaces d’accueil du musée, de grands auvents qui abritent les visiteurs de la pluie, de la neige et du soleil et des éléments de scénographies extériorisés véhiculeront un message sans équivoque : le bâtiment est un musée, ouvert à tous” poursuit le cabinet.
Une extension du château regroupera les espaces d’accueil du musée, le hall, une boutique et un salon de thé réunis en un seul espace à l’arrière du bâtiment existant. Ouvert sur la cour du château, ce salon de thé donnera à voir la belle façade nord du château, la plus ouvragée dans son si caractéristique style Renaissance.
En dehors des horaires d’ouverture du musée, un atelier pédagogique situé à l’étage pourra être utilisé en toute autonomie.
Côté parcours de visite, chaque salle aura sa couleur, sa lumière et son ambiance sonore bien distinctes. Les visiteurs pourront tour à tour côtoyer le quotidien d’un horloger paysan dans une reconstitution fidèle ou encore toucher l’univers du luxe “dans une mise en scène alliant préciosité et rareté” notent les concepteurs. Une autre salle fera ressentir l’univers industriel de l’âge dor de l’horlogerie dans le Val de Morteau dans une ambiance d’atelier de montage. Point d’orgue de la visite : l’immersion au cœur du mouvement d’une montre “plongera le visiteur dans une aventure poétique, dans la décomposition des entrailles d’une montre en mouvement.”