Le Haut-Doubs gagne des habitants au détriment des communes suisses voisines.
Les communes des montagnes neuchâteloises perdent chaque année des habitants au profit du “bas”. Un phénomène inquiétant pour les autorités. Une des causes : le manque d’emploi pour les Suisses !
Les Montagnes neuchâteloises vivent l’effet inverse du Haut-Doubs. “Chez nous”, les communes battent des records régionaux en matière de développement de population, Villers-le-Lac la première avec 410 nouveaux habitants arrivés entre 2013 et 2018 portant à 5 090 le nombre de Villériers. Franchir le Col-des-Roches, c’est observer l’effet inverse ! Comme le fait remarquer avec humour un ancien conseiller communal des Brenets, en Suisse, il devient moins cher de se loger aux Brenets qu’à Villers-le-Lac ou à Morteau ! En clair, ils accueillent à bras ouverts les frontaliers. La vacance locative grandit : + 205 logements vides à La Chaux-de-Fonds entre 2018 et 2019, selon le canton de Neuchâtel. La raison : la fuite, pas énorme mais continue, des habitants vers le “bas” et notamment la région du littoral neuchâtelois.
Le Locle est passé sous la barre des 10 000 habitants.
Année après année, les villes des Montagnes neuchâteloises se dépeuplent : La Chaux-de-Fonds est passée de 44 000 à 37 500 habitants, alors que Le Locle, - qui a compté plus de 15 000 habitants en 1968 -, est passé sous la barre des 10 000 habitants. Comment l’expliquer ? “Nous avons une grosse baisse de population en 2020 liée aux postes de travail, répond Claude Dubois, conseiller communal au Locle. Les gens n’ont pas de travail chez nous donc ils vont plutôt sur le littoral de Neuchâtel. Il y a bien des retours à l’étranger de quelques Suisses qui sont notamment partis en France, mais c’est marginal” poursuit l’élu loclois chargé des finances.
Plus de la moitié des emplois de ces villes sont occupés par des pendulaires et des frontaliers.
C’est dire que les rentrées fiscales sont modestes. Par ailleurs, compte tenu de leur altitude, elles doivent faire face à des dépenses importantes (déneigement par exemple) qui sont épargnées au littoral. Le canton reçoit chaque année plus de 20 millions de francs à titre de compensation des charges excessives dues à la part de la population résidante permanente habitant à plus de 800 mètres d’altitude et n’en distribue qu’une infime partie aux communes concernées, d’où l’agacement des communes du “haut”. “Pourtant, on vit bien ici ! On a tout : des équipements sportifs de qualité, des théâtres, des commerces. Bien sûr, il y a les bouchons aux heures de pointe avec 25 000 véhicules par jour mais on attend beaucoup de la déviation du Locle.”
Pour tenter d’enrayer cette érosion, les communes cherchent des leviers. Au Locle, une conseillère communale demande qu’une prime de 1 000 francs suisses soit versée aux salariés employés par la commune qui résident ou choisissent de résider au Locle. Selon le responsable des finances Claude Dubois, cet argument aurait peu d’effets car près 75 % des agents résident déjà au Locle. Les montagnes neuchâteloises n’attirent plus les “vrais” Suisses qui s’éloignent peu à peu de la frontière. Pour fuir les pendulaires ?