Après une semaine d'hésitation sur la conduite à tenir, les acteurs de la filière sont de nouveau au travail pour répondre aux commandes du BTP.
Plutôt que d'avancer à l'aveugle à l'annonce du confinement, beaucoup de scieries du Haut-Doubs ont fait une pause, le temps que chacun s'adapte à la situation. "On a d'abord arrêté par souci sanitaire avant de répondre à la demande des clients et même du personnel. On se retrouvait avec des stocks de bois qui risquaient de piquer si on ne les exploitaient pas", explique le patron de cette scierie située près de Pontarlier.
Cette trêve a permis de s'organiser pour mettre l'outil de travail en conformité avec les recommandations sanitaires et satisfaire aussi aux injonctions gouvernementales de continuité de l'activité économique. "Aucune mesure d'arrêt n'a été évoquée dans la filière bois. Le coup de frein relevait davantage de contingences logistiques avec des soucis de livraison et de transport. Aujourd'hui, on a des retours positifs et la filière est prête", confirme Christian Dubois, délégué général à Fibois Bourgogne-Franche-Comté, l'interprofession de la filière forêt-bois.
A la scierie Maugain basée à Saint-Gorgon-Main, l'heure était à la reprise ce lundi matin. "Il nous restait une semaine de vacances à écluser. Aujourd'hui, on a beaucoup de travail. On est même surpris du nombre de commandes. On répond aux besoins des négociants et des artisans locaux. On a juste stoppé le service aux particuliers qui venaient s'approvisionner directement à la scierie", témoigne Raphaël Maugain.
La mise en application des gestes barrière ne pose pas trop de problèmes dans une scierie où les personnes n'ont pas pour habitude d'être les uns sur les autres. "Il suffit d'adapter les postes de travail, de bien se laver les mains et de désinfecter les instruments ou objets qui le nécessitent. Avec 8 salariés, c'est facile à gérer", complète le scieur.
Après un hiver sans neige, propice à la poursuite de l'exploitation des forêts de résineux, la filière ne manque pas de matière première. "On est même sur une sortie d'hiver peu habituelle, sans risque de pénurie", confirme François Chanal, le responsable ONF de l'unité territoriale de Labergement-Sainte-Marie. Sur le terrain, l'heure n'est pas encore à la reprise du cycle habituel de programmation des coupes printanières. La faute à quoi ? Pour une fois, c'est plutôt dans le bouleversement climatique qu'il faut chercher la réponse avec ces canicules et sécheresses à répétition, favorables à la propagation du scolyte, gros ravageur des peuplements d'épicéas.
"Le changement climatique a beaucoup plus d'impact sur la ressource forestière que le coronavirus qui sévira quelques mois. On sait que la crise du scolyte va perdurer au moins jusqu'en 2021. Selon l'importance des dégâts, on subira peut-être un déficit d'épicéas qui peut remettre en cause tout un modèle économique."